Plus qu’un édifice religieux…

Lan Anh
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(VOVworld) - Là où vivent les Khmers, se trouvent des pagodes... Cette formule tiendrait presque de l’adage, tant il est vrai que pour les Khmers, les pagodes tiennent tout à la fois du sanctuaire et de l’école de vie.   

(VOVworld) - Là où vivent les Khmers, se trouvent des pagodes... Cette formule tiendrait presque de l’adage, tant il est vrai que pour les Khmers, les pagodes tiennent tout à la fois du sanctuaire et de l’école de vie.   

 Plus qu’un édifice religieux… - ảnh 1
Photos : vnexpress.net

Il ne serait pas exagéré de prétendre que les pagodes sont aux Khmers ce que les dinh sont aux Kinh et les rông aux communautés des Hauts Plateaux du Centre. Mais elles acquièrent ici une dimension initiatique : les jeunes Khmers y reçoivent en effet une éducation religieuse avant de revêtir l’habit du moine durant quelques années, années au terme desquelles ils entrent enfin de plain-pied dans leur vie d’homme. Autant dire que les étapes marquantes de leur jeunesse se déroulent sous le regard bienveillant et protecteur du Bouddha.   

Les pagodes khmères abritent en fait tout un trésor de livres canoniques et de recommandations de Bouddha, qui, bien évidemment, auront largement contribué à forger les esprits. Mais elles sont aussi un espace de rencontre, où les bonzes font office de directeurs de conscience autant que de confesseurs. Nguyen Hung Vi, folkloriste :   

«La pagode est quelque chose de sacré et d’intime pour les Khmers. On vient à la pagode pour trouver la sérénité, mais aussi pour consulter les bonzes qui sont un peu des mentors... Finalement, on se tourne presque plus volontiers vers la pagode que vers chez soi.»     

Plus qu’un édifice religieux… - ảnh 2 

Architecturalement parlant, les pagodes khmères adoptent ce style un peu rococo si caractéristique de l’art indo-bouddhique, que l’on retrouve d’ailleurs au Cambodge, bien sûr, mais aussi au Laos, en Thaïlande et jusqu’au Myanmar. Le professeur associé Lam Ba Nam, de l’Ecole des Sciences sociales et humaines, rattachée à l’Université nationale de Hanoi :

« Les pagodes khmères se démarquent des pagodes des Kinh par leurs voûtes et leurs tours. En général, elles sont bâties sur des emplacements un peu surélevées. »  

Le sanctuaire, qui est bien entendu la partie la plus importante de la pagode, est coiffé d’un toit à plusieurs couches, pourvu de quatre queues de dragon à ses quatre extrémités et décoré de bas-reliefs très sophistiqués. Le couloir qui y mène est quant à lui ornés de serpents Naga, le serpent Naga étant un animal bouddhique sacré à multiples têtes. Les Naga à trois têtes symbolisent le ciel, la terre et l’être humain. S’ils en possèdent cinq, ils représentent les cinq éléments fondamentaux de l’univers, à savoir le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre… Le vénérable Duong Quan, de la pagode Xiêm Can :  

« La légende raconte que le serpent Naga est apparu au Bouddha, alors que celui-ci traversait une région en proie à des pluies torrentielles. Il l’aurait alors transporté sur son dos avant de l’abriter. C’est comme ça qu’il est devenu l’animal emblématique des pagodes khmères. »      

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Quoiqu’il en soit, les pagodes khmères détonnent dans l’univers architectural religieux du Vietnam. C’est en tout cas l’avis de Nguyen Hung Vi.  

« Ce sont des édifices qui se distinguent par leurs couleurs chatoyantes. On reconnaît bien là le côté très esthète des Khmers. »   

On recense quelque 450 pagodes de toutes tailles sur l’ensemble du delta du Mékong, dont plusieurs, classées vestige historique et culturel national, attirent chaque année autant de pèlerins que de touristes.

Plus qu’un édifice religieux, la pagode est le lieu de vie par excellence, la manifestation d’une spiritualité inébranlable, sur laquelle le vent de la modernité n’a aucune prise.

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