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Les Co Lao - c’est encore sous ce nom-là
qu’ils sont le plus souvent désignés - vivent
en hauteur, sur des montagnes calcaires, dans les districts de Hoàng Su Phi et
de Dông Van. Chaque village compte entre une quinzaine et une vingtaine de foyers.
Ils cultivent le riz, la fève, l’avoine, le pois, le choux- rave… Le reste du
temps, quand ils n’entretiennent pas leurs outils agricoles, ils pratiquent la
vannerie, la menuiserie et la métallurgie. Côté vêtements, ils se distinguent des
autres ethnies grâce à l’habit des femmes. Les femmes Co Lao portent en effet des
tuniques descendant jusqu’aux genoux, avec des morceaux de tissu colorés
apposés au niveau de la poitrine et des manches. Elles portent en général deux habits
supérieurs, celui qui colle au corps disposant de manches longues alors que
celui qui est par-dessus dispose de manches courtes, ce qui permet de laisser
émerger les manches de la couche en-dessous. D’après Nguyên Huu Son, le
vice-président de l’Association des folkloristes vietnamiens, c’est un style
vestimentaire qui perdure, en dépit des changements qui sont le lot des temps
modernes.
«La vie
des Co Lao a beaucoup changé en raison notamment de l’ouverture de la frontière
avec la Chine. Ils utilisent maintenant autant leur langue maternelle que le
mandarin», nous dit-il. «Ils ne tissent plus eux-mêmes mais achètent du tissu sur le marché
pour confectionner leurs habits. Cela étant, ils conservent leur style
vestimentaire et leurs motifs traditionnels».
La maison Co Lao dispose de trois travées et de
deux appentis. Le toit est couvert de paille ou de bambou aplati, et les murs
sont faits en terre d’argile. Certains habitants vont tous les jours chercher
de l’eau dans les ruisseaux, d’autres installent des tuyaux qui conduisent
l’eau jusqu’à leur maison. Pour ce qui est le culte des ancêtres, les Co Lao vénèrent
les quatre générations qui les précèdent et sur l’autel qui est dédié à ces
dernières, les Co Lao blancs, qui sont un sous-groupe des Co Lao, mettent un
mâchoire de porc. C’est une façon pour eux de garantir à leurs ancêtres que
tous les ans, ils leur offriront du porc en offrande.
La vie spirituelle des Co Lao est rythmée par
plusieurs cérémonies: baptême, initiation, mariage, funérailles… et les plus
joyeuses sont l’occasion d’échanges de chants populaires. Mais la plus
importante reste la cérémonie d’initiation, comme nous l’explique Luu Sâm Van,
un spécialiste de la culture des ethnies de la province de Hà Giang.
«La
cérémonie d’initiation marque la reconnaissance officielle par la communauté du
passage à l’âge adulte d’un garçon Co Lao. C’est suite à cette cérémonie que la
personne en question pourra participer aux activités communautaires»,précise-t-il.
Cette cérémonie est d’autant plus importante
que les hommes assument l’essentiel des travaux champêtres, qui sont
particulièrement pénibles en haute montagne. Grâce à cette cérémonie, ils les
assument d’autant mieux qu’ils sont reconnus comme étant les piliers de leurs
familles respectives.
Et c’est ainsi que les Co Lao, qui ont élu
domicile au nord du Vietnam il y a plus de 150 ans, continuent d’y vivre, de
perpétuer des traditions tout en restant ouverts au monde extérieur.