Reconstitution de la cérémonie d’alliance traditionnelle des Êđê au Festival de la culture du gong de Dak Lak 2022. Photo : H’Thi/VOV |
Selon la tradition, les adoptions symboliques peuvent unir un parent et un enfant, un frère et une sœur, ou deux frères et sœurs. Dès la fin de la cérémonie, la personne adoptée devient un membre à part entière de la famille et du clan qui l’accueille, avec des droits et des devoirs réciproques, aussi bien matériels que spirituels.
Monsieur Aê Sên ( au centre). Photo : H’Thi/VOV |
Aê Sên, habitant du hameau Tong Ju, dans la province de Dak Lak, a plusieurs fois officié comme maître de cérémonie. Il nous explique que cette coutume à forte valeur humaine a aussi une portée éducative pour la communauté, car elle transforme deux inconnus en membres d’une même famille. La cérémonie exige une préparation soignée et un déroulement solennel.
«Dans ce rituel, la présence des représentants des deux lignées est indispensable, tout comme celle de personnes connaissant les coutumes, chargées d’expliquer clairement les obligations mutuelles. L’objectif est de garantir une relation solide et durable», dit-il.
Les offrandes restent simples: un petit cochon, un coq, une jarre d’alcool de riz fermenté et deux bracelets en cuivre échangés en souvenir. Mais si les personnes impliquées n’ont pas les moyens, il est tout à fait possible de célébrer la cérémonie avec seulement de l’alcool, à condition d’inviter les familles et de disposer de témoins.
Lorsque le maître de cérémonie prononce: «La cérémonie d’adoption mère-enfant a été accomplie sous les yeux des deux familles», l’enfant adoptif présente une coupe d’alcool à sa mère adoptive, en signe de respect, puis sert les autres membres du clan.
«Quand on devient enfant adoptif, on considère ses parents adoptifs comme ses propres parents. Joies et peines se partagent, tout comme les responsabilités: visiter et soigner en cas de maladie, assumer ensemble les épreuves familiales. La présence des représentants des deux clans scelle les accords communs, un élément jugé essentiel», souligne Ami H’uoc, du hameau de Tong Ju.
En plus de diriger le rite, le maître de cérémonie doit rappeler les sanctions prévues en cas de rupture du pacte.
«Si l’un des deux rompt les engagements, il doit compenser l’atteinte à l’honneur de l’autre. Celui qui enfreint l’accord perd un cochon, offert en réparation devant les témoins», précise Aê Sên.
Au-delà du rite, l’adoption symbolique des Êđê tisse des liens d’entraide et transforme des étrangers en proches. Même si, aujourd’hui, la forme peut s’alléger, l’esprit de respect, d’affection et de responsabilité reste intact, faisant de cette coutume un patrimoine vivant que ce peuple continue de préserver avec fierté.