L’artisan Diêu Liêt, maître du Goong Cla. Photo: Thu Ha / VOV2 |
Le Goong-cla est fabriqué à partir de tubes de bambou de 40 à 60 cm de long. Il se compose d’un corps principal et de six très fines lamelles qui sont directement taillées sur la surface du bambou et qui, disposées sur de minces sillets, dont office de cordes à pincer. Le matériau idéal est un bambou âgé de cinq ans, c’est-à-dire ni trop jeune, ni trop vieux, et qui pousse sur des collines élevées, où le bois est sec et résistant. Le bambou doit être fin, rond, à l’écorce lisse. Le choix du bambou est crucial: un bambou cultivé en plaine, gorgé d’eau, produirait un son sourd et peu mélodieux.
Malgré sa forme simple, la fabrication de cet instrument requiert un savoir-faire minutieux et de nombreuses étapes de préparation, comme l’explique Diêu Liêt, un artisan de Dông Nai.
«Il faut choisir le bon bambou, le faire sécher partiellement, puis fabriquer les cordes. Trop sec, les cordes cassent; trop vert, le bambou attire les insectes», dit-il.
Jouer du Goong-cla exige également patience et persévérance. La technique n’est pas complexe, mais pour en maîtriser toutes les subtilités, il faut du temps. L’instrument émeut autant le musicien que son auditoire, dont Thi Loan, une Cho Ro de Dông Nai.
«Le son du Goong-cla est unique, très expressif, presque comme une flûte. Il me touche profondément, parfois jusqu’aux larmes», confie-t-elle.
Les Cho Ro vouent un profond attachement à cet instrument, fabriqué à partir du bambou, un végétal essentiel à leur quotidien. Le Goong-cla est joué lors de nombreuses cérémonies communautaires, notamment pour interpréter des berceuses, comme l’indique Thi Thanh, une autre Cho Ro de Dông Nai.
«Quand les mères partent au champ, elles laissent leurs enfants à la maison. Les berceuses jouées au Goong-cla les aident à apaiser et endormir leurs enfants. Il en existe plusieurs, que l’on choisit selon l’humeur ou la situation», fait-elle savoir.
Mais aujourd’hui, la mondialisation, l’essor des nouvelles technologies et l’évolution des modes de divertissement fragilisent cet art ancestral. Dang Thanh Hieu, responsable des affaires ethniques de la ville de Long Khanh, le regrette profondément.
«Le Goong-cla est en train de disparaître. À Long Khanh, seules deux personnes savent encore en jouer, et seulement un morceau. Seul Diêu Liêt maîtrise encore neuf pièces musicales», précise-t-il.
Pour sauver ce patrimoine musical, la province de Dông Nai multiplie les représentations publiques du Goong-cla. À Long Khanh, un programme de transmission a été lancé pour permettre à Diêu Liêt d’enseigner l’art de la fabrication et du jeu de cet instrument aux jeunes Cho Ro.
Grâce à ces efforts, l’espoir renaît. Demain peut-être, les sons cristallins du Goong-cla résonneront à nouveau dans les villages de montagne, rappelant l’attachement d’un peuple à son héritage culturel.