Le club Khên Mông de la commune de Lao Chai attire de nombreux jeunes
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Le khên est l’instrument de musique typique des Mông. À Lao Chai, une commune du district de Mù Cang Chai, Lo A Thông est l’un de ceux qui tiennent le plus à cet instrument.
«J’ai constaté un manque d’intérêt croissant d’une partie des jeunes Mông pour le khên, et c’est ce constat qui m’a poussé à créer un club pour jouer, échanger et préserver la pratique du khên. S’il n’y pas de transmission, cet art disparaîtra. Nous espérons que notre club réussira à préserver notre identité», partage-t-il.
Le club de Lo A Thông compte aujourd’hui 12 membres, et des jeunes d’autres villages continuent de venir pour apprendre à jouer du khên, mais aussi à danser avec.
Lo A Tru est un maître chevronné du khên. Selon lui, les Mông croient s’incarner dans cet instrument qui, tant qu’il continue de résonner, assure la perpétuité de la communauté. Ils en jouent pour accompagner l’âme des morts dans l’autre monde mais aussi pour célébrer les fêtes.
«Je constate que les jeunes ne s’intéressent plus au khên et que les troupes de khên ne sont plus aussi actives qu’à notre époque. Mais je suis heureux que certains jeunes aient pris l’initiative de créer des clubs de khên pour sauvegarder cette tradition», indique-t-il.
Les écoles ont ouvert des classes de khên, de flûte, de tissage et de broderie de brocatelle |
Au niveau du district, les écoles ont mis en place un modèle de préservation et de valorisation du patrimoine culturel local. L’école de Mô Dê par exemple, qui accueille des élèves de 6 à 15 ans, a ouvert des classes de khên, de flûte, de tissage et de broderie de brocatelle. Giàng A Sua est élève en troisième.
«Ces classes sont organisées en dehors des cours ordinaires, elles sont très intéressantes et instructives pour moi. Je pense qu’elles m’aideront à perpétuer les traditions de mon ethnie», dit-il.
Les enseignants sont eux aussi motivés, comme l’indique Pham Minh Dung, directeur de l’école de Mô Dê.
«Les nouvelles technologies ont un pouvoir d’attraction énorme sur les jeunes et les enfants qui, du coup, délaissent plus ou moins les traditions ancestrales. Nous nous sommes ainsi donné pour mission de préserver et de valoriser ce patrimoine, ce qui contribue d’ailleurs à améliorer les capacités d’expression artistique de nos élèves», explique-t-il.
Une autre école, l’école de Chê Cu Nha, a pour sa part pris l’initiative d’inviter des parents d’élèves à apprendre aux petits les techniques anciennes de tissage, de broderie et de dessin à la cire d’abeille. Ly Thi Ninh, responsable du groupe de brodeuses du hameau de Dê Thàng, fait partie de ces maîtresses artisanes.
«Je collabore avec l’école pour donner des cours de dessin à la cire d’abeille aux élèves. L’idée est de leur présenter les modèles typiques et de leur expliquer les techniques élémentaires», indique-t-elle.
Quand les jeunes s’intéressent à la culture traditionnelle et prennent conscience de leur devoir de la perpétuer, celle-ci continue d’exister et d’enrichir leur âme.