Lors d'un cours de mixologie. Photo: Huyên Chi/VOV |
Si les touristes ne voulaient pas rester plus longtemps, c’est d’une part, parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils pouvaient faire d’intéressant, et d’autre part, parce que les hébergements manquaient. Voilà l’explication qu’a trouvée Ly Thi Hanh, domiciliée dans la commune de Dông Van. Elle a décidé que la situation devait changer et qu’il fallait montrer aux touristes les montagnes, les forêts et les rizières en terrasse de son district, mais aussi les inviter à partager des moments de vie qu’ils ne pouvaient trouver nulle part ailleurs. C’est ainsi qu’elle a créé la toute première auberge chez l’habitant de Binh Liêu, composée de maisons sur pilotis typiques des Dao, et où les touristes peuvent accompagner les locaux aux champs pour repiquer le riz, au ruisseau pour capturer des escargots, et dans la forêt pour cueillir des feuilles avec lesquelles ils prépareront un bain thérapeutique à la traditionnelle. De quoi leur donner envie de rester plus longtemps, estime Ly Thi Hanh.
«Au début, ça a été difficile parce qu’on manquait à la fois d’argent et d’expériences. Heureusement en 2016 j’ai pu suivre une formation de guide touristique et de gestion de maisons d’hôtes organisée par le comité provincial des minorités ethniques et par l’université de Ha Long. Je me suis aussi renseignée auprès de professionnels d’autres localités. Par rapport à mes métiers précédents, l’auberge donne des revenus supérieurs et stables.
Nous employons trois personnes et collaborons avec d’autres villages pour vendre chez nous leurs produits», fait-elle savoir.
Ly Thi Hanh a donc été une pionnière. Elles sont aujourd’hui plus de 200 femmes de Binh Liêu à participer à la chaîne touristique en mettant en valeur le patrimoine culturel des minorités ethniques locales. Grâce à ce modèle, le tourisme se développe, l’économie familiale et locale aussi, et les autochtones sont plus que jamais conscients de la nécessité de préserver leur identité culturelle, affirme Lài Thi Hiên, présidente de l’Union des femmes du district.
«Depuis le début de l’année, plus de 200 de nos membres ont participé à des ateliers de formation divers, dont beaucoup concernaient le tourisme. Nous les aidons à accéder à des prêts bancaires sans hypothèque pour ouvrir et faire fonctionner des auberges qui, en général, marchent très bien», nous indique-t-elle.
Photo souvenir d'un groupe de touristes dans un verger de Dông Van. Photo: Huyên Chi/VOV |
Le tourisme de Binh Liêu ne pourra décoller que s’il est basé sur l’agriculture et la ruralité. C’est en tout cas ce qu’ont constaté les professeurs de l’université de Ha Long, qui ont collaboré avec le comité populaire de Binh Liêu pour organiser des ateliers de formation aux savoir-faire du tourisme à l’intention des autochtones. Trân Khanh Phuong, domiciliée dans la commune de Luc Hôn, a participé à l’une de ces formations.
«Les formateurs nous ont appris à faire des cocktails avec des fruits locaux, tels que l’orange et le fruit du canarium. Les touristes adorent», dit-elle.
En ce moment-même, des milliers de touristes vietnamiens et étrangers affluent vers Binh Liêu pour se prendre en photo sur sa colline couverte de canne à sucre rustique (sorte de grande herbe fleurie qui ressemble au roseau des marais), pour participer à sa fête intitulée «Récoltes dorées», mais aussi pour contempler ses multiples cascades aussi splendides les unes que les autres. Et ce n’est pas tout. Outre les visites, ils viennent aussi pour passer de beaux jours dans un cadre rural original, aux côtés des locaux, comme le rappelle Trinh Dang Thanh, le directeur adjoint du service du Tourisme de la province de Quang Ninh.
«Les habitants de Binh Liêu ont su créer des produits touristiques mettant en valeur l’agriculture et la ruralité, qui sont leur principal atout. Ce secteur d’activité s’avère particulièrement prometteur pour les femmes issues de minorités ethniques», constate-t-il.
Binh Liêu est donc devenu un modèle de tourisme culturel et agricole qui mérite de faire des émules…