(VOVworld) - Chez les Hà Nhi, il en va des vêtements comme de toute chose : tout est artisanal et cousu main, de A à Z.   

 
Photo : baolaichau.vn

Vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi certains Hà Nhi étaient «noirs» et d’autres «bariolés». Eh bien, il suffit de regarder leurs tenues traditionnelles pour que la question devienne superflue. Luong Van Thiet, du Musée d’Ethnographie du Vietnam :

«Les Hà Nhi ‘bariolés’ peuplent les provinces de Dien Bien et de Lai Chau. Ils se distinguent souvent par des couleurs chatoyantes qui font penser à des fleurs sauvages. C’est bien simple : si vous croisez une femme coiffée d’un chapeau à frange, avec une tenue pleine de motifs colorés, c’est sûrement une ‘bariolée’.    

Une tenue confectionnée entièrement à la main représente environ six mois de travail. Et ce n’est pas une mince affaire ! Les femmes - car si ce n’est pas une mince affaire, c’est en tout cas une affaire de femmes ! - s’occupent elles-mêmes de créer des motifs et de donner à leurs tuniques cet aspect un tantinet baroque qui est une marque de coquetterrie autant qu’un signe culturel distinctif.   

 
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Si les «bariolés» versent donc assez volontiers dans le tape-à-l’oeil, les «noirs», eux, préfèrent explorer les infinies variations d’un camaïeu. Chez eux, le noir est omniprésent : sur les chemises, sur les pantalons et mêmes sur les yem - le couvre-sein des femmes... Ce sont les Pierre Soulages de la mode vestimentaire ! 

Evidemment, vous allez me dire que si tout le monde est ton sur ton - noir sur noir en l’occurence -, il doit être parfois difficile de distinguer sa femme de celle du voisin... Je vous objecterais volontiers que si les Afghans y arrivent malgré la burqa, il n’y a pas de raison que les Hà Nhi n’en fassent pas autant, même lorsque leurs villages sont... noirs de monde !... Sachez du reste que les femmes (les «noires», donc) portent de faux chignons, qui les protègent du soleil et du vent, et que si par-dessus ces faux-chignons, elles mettent un foulard, ça veut dire qu’elles sont déjà mariées. Dans ce cas, «pas touche», sinon, le mari outragé se mettrait brusquement à remuer des idées noires, à vous prendre pour sa bête noire et vous risqueriez de vous en tirer avec un oeil au beurre noir ! Et n’allez surtout pas penser que je fais de l’humour noir, ce n’est pas le genre de la maison... Alors mettons de côté ces noires considérations et donnons la parole à Tran Huu Son, ethnologue de son état :

«Un foulard porté en coiffe, ça veut dire ‘Attention, je suis mariée !’. Pour les Hà Nhi, les ‘noirs’ en tout cas, l’âme réside dans la tête. C’est pour ça que les femmes portent des coiffes : pour que leurs âmes ne s’évadent pas...»  

 
Photo : baotintuc.vn

Comme d’habitude lorsqu’il s’agit de mode vestimentaire, nous avons fait la part belle à ces dames et très peu parlé de ces messieurs. Eh bien c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas grand chose à signaler... comme d’habitude. Les hommes, donc, se contentent d’un haut, d’un bas, d’une ceinture, et parfois une coiffe. Leurs chemises sont fendues sur les aisselles et sur la poitrine. Leurs pantalons à taille haute ont quant à eux des manches assez courtes. Leurs ceintures, enfin, permettent de tenir droit le dos, mais aussi d’apporter une touche de virilité. Voilà, c’est tout : simple et sans fioritures...

Dernière chose : que ce soit dans le quotidien ou pour les festivités, les Hà Nhi portent les mêmes vêtements.