Nguyên Nhât Tuân dans son atelier. Photo: Tuyết Lê/VOV |
Le village bourdonne d’activité toute l’année. Chaque paire de mains contribue à une étape spécifique de la chaîne de production: enroulement des fils, assemblage des brins, finition des produits. Une symphonie de gestes précis, transmis de génération en génération.
Dans l’atelier de Nguyên Nhât Tuân, la cadence s’accélère à l’approche du Têt, période de renouveau qui dicte le rythme de production.
“Nous importons entre 40 et 50 tonnes de matières premières annuellement. Le travail ne connaît pas d’interruption. Même des personnes de 80 ans continuent de venir travailler ici parce qu’elles y trouvent du plaisir. Notre atelier accueille également des personnes handicapées qui y trouvent une place. Certaines années, nous avons produit jusqu’à 30.000 ou 40.000 balais, sans arriver à satisfaire entièrement la demande. C’est pourquoi nous recrutons généralement davantage de travailleurs en fin d’année pour approvisionner correctement le marché”, nous dit Nguyên Nhât Tuân.
L’atelier de Nguyên Nhât Tuân n’est que l’un des vingt établissements qu’abrite la commune de Duy Trinh, celle à laquelle est rattaché le village de Chiêm Son. Ce qui n’était autrefois qu’une activité subsidiaire, voire un passe-temps, est devenu pour nombre de villageois la source de revenus numéro un. C’est le cas de Phan Thi Xuân, qui travaille à l’atelier de Nguyên Nhât Tuân depuis plus d’une décennie.
“Je travaille ici depuis plus de 10 ans et mon salaire me permet de subvenir convenablement aux besoins de ma famille. Le patron a su créer un environnement qui offre à de nombreuses personnes la possibilité d’avoir un emploi stable et digne”, nous confie-t-elle.
Si les balais de Chiem Son jouissent d’une réputation d’excellence qui dépasse les frontières provinciales, c’est grâce à un souci de qualité qui honore les artisans et dont Nguyên Van Thành, le président du conseil d’administration du village artisanal, peut être légitimement fier...
“Ce métier ancestral s’est transmis à travers les âges. Mais ce qui fait notre spécificité, c’est l’éthique professionnelle de nos artisans. Bien sûr, ils produisent pour générer des revenus et faire prospérer leurs familles, mais ils portent toujours en eux la responsabilité de préserver la réputation léguée par leurs ancêtres. C’est pourquoi, malgré les fluctuations économiques et les changements sociétaux, les balais de Chiêm Son continuent d’être appréciés. Et nous constatons que ceux qui ont utilisé nos balais reviennent invariablement en acquérir de nouveaux”, nous explique-t-il.
L'effervescence à Chiêm Son. Photo: Tuyết Lê/VOV |
Les balais de Chiêm Son, vendus entre 35.000 et 90.000 dôngs l’unité, conquièrent principalement les provinces du nord du Vietnam, mais s’exportent également à l’international. Chaque année, le village fournit des millions de balais au marché, générant un revenu collectif d’environ 100 milliards de dôngs (plus de 4,3 millions de dollars).
À côté des maîtres artisans, une nouvelle génération s’empare du flambeau avec enthousiasme. Ces jeunes entrepreneurs ne se contentent pas d’hériter du métier de leurs parents; ils le réinventent, combinant respect de la tradition et innovation. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nguyên Duy Binh, le patron de l’atelier Minh Thu.
“Aujourd’hui, je vends aussi bien par les circuits traditionnels qu’en ligne. Je publie mes produits sur internet et les clients viennent à moi. La clé reste la responsabilité dans la fabrication, pour répondre précisément aux attentes des clients”, nous indique-t-il.
Le tressage des tiges. Photo: baoquangnam.vn |
Cette renaissance artisanale bénéficie également du soutien actif des autorités locales. Dang Huu Phuc, le vice-président du Comité populaire du district de Duy Xuyên, est très impliqué.
“Ces dernières années, notre district a intégré divers programmes nationaux axés sur le développement rural pour accompagner l’essor des villages artisanaux. Pour le village de Duy Trinh en particulier, nous avons déployé de nombreuses mesures d’aide, notamment en matière de promotion commerciale, de publicité et d’accès aux marchés. Le résultat est sans appel: les produits de Chiêm Son connaissent une forte demande”, fait-il valoir.
À Chiêm Son, chaque balai raconte une histoire: celle d’un savoir-faire précieux qui, loin de disparaître dans les tourbillons de la modernité, a su se réinventer pour balayer le chemin d’un avenir prometteur.