Photo Anh Tuan
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Vietnamica est un projet scientifique financé par le Conseil européen de la Recherche. Il a été initié et il est dirigé par Philippe Papin, professeur à la section des Sciences historiques et philologiques de l’Ecole pratique des hautes Etudes, titulaire de la chaire d’histoire du Vietnam classique.
«Vietnamica est un programme d'étude des stèles et des inscriptions anciennes du Vietnam et aussi un programme de traitement informatique de la documentation relative aux sciences sociales du Vietnam. Je souhaite aujourd'hui pouvoir mettre en place ce projet, discuter avec mes collègues et organiser le travail pour les cinq ans à venir.», nous explique-t-il.
Vietnamica est consacré en priorité aux inscriptions gravées sur les stèles des campagnes du Vietnam, et plus précisément aux inscriptions qui se rapportent aux donations faites par des individus aux sanctuaires. Autrement dit, il s’agit d’étudier ce qu’on appelle les bia hậu. Ces bia hậu présentent d’emblée trois caractéristiques qui retiennent l’attention et qui poussent à les étudier. Primo, ils représentent l’immense majorité du corpus épigraphique: entre deux tiers et trois quarts des quelque 25.000 stèles du Vietnam. Secundo, ils sont originaux et présentent une continuité sans interruption du 17e au 20e siècles. Tertio, ils se réfèrent en général à un fait majeur de l’histoire sociale, culturelle, religieuse et économique du Vietnam.
Le projet Vietnamica sera donc consacré à l’étude systématique de ces stèles, par le biais de monographies détaillées qui permettront de produire une synthèse scientifique. En outre, il a pour objectif de fournir des instruments de travail informatiques (bases de données, outil de lecture automatique) et une bibliothèque de ressources numériques (livres, documentation conservée en Europe).
«Ce projet consiste non seulement en une étude scientifique mais également en un atelier de formation sur le travail de recherche. », note Nguyên Kim Son, le recteur de l’Université nationale de Hanoi. «Il permet aussi un partage d'expérience et un apport de nouvelles technologies dont le Vietnam a grandement besoin à l’ère du numérique. C’est l’occasion, pour les scientifiques français, francophones et vietnamiens de travailler ensemble à l’établissement d’une nouvelle base de données en vietnamologie.»
Jean-Paul de Gaudemar, le Recteur de l’AUF - Photo Anh Tuan |
Le projet est mené, du côté européen, par l’École pratique des hautes études (EPHE) et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), et du côté vietnamien, par l’Institut Han-Nôm (Académie des sciences sociales et humaines) et la faculté des sciences sociales et humaines de l’Université nationale. Il est prévu pour une durée de cinq ans et censé réunir une équipe d’une vingtaine de personnes. Des conférences et des tables rondes viendront rythmer l’avancée des travaux.
«Le rôle de l'AUF est de faciliter ce type de coopération parce que l'AUF c'est une association d'établissements francophones dont l’Université Nationale du Vietnam fait partie.», précise Jean-Paul de Gaudemar, le Recteur de l’AUF. «Notre rôle est également de mettre à la disposition, notamment de Philippe Papin et de son équipe, des outils pour mieux travailler, et en même temps d'encourager la recherche francophone puisqu'en l'occurrence, c'est une recherche qui va être menée par des francophones mais qui porte sur un sujet vietnamien.»
Dernier point important: ce projet est financé à hauteur de 2,5 millions d'euros. Les missions vers l’Europe ou vers le Vietnam seront fréquentes, tant pour les étudiants que les chercheurs et, en général, pour l’ensemble des membres du programme.