Les déchets jonchent la rue. Photo: VTC News |
À 18 heures, la rue piétonne autour du lac Hoàn Kiêm à Hanoï se remplit progressivement de promeneurs. Entre divertissements et collations de rue, les déchets s'accumulent bien plus rapidement qu'en temps normal.
Les agents de l'URENCO redoublent d'efforts pour que les rues retrouvent leur propreté avant le lever du jour. Photo: VTC News |
“En temps normal, nous maintenons 10 camions de collecte, mais les week-ends, nous devons doubler, voire tripler ce nombre à cause de l'affluence”.
Nguyên Thi Hông, employée de l’URENCO Hanoï qui est une entreprise publique spécialisée dans la gestion de l'environnement urbain nous répond tout en balayant et en remplissant son chariot d'un geste vif. Non loin de là, sa cheffe Ninh Thi Loan explique que la situation nécessite une mobilisation exceptionnelle des équipes.
“Pour mes deux zones, nous passons de 21 à 31 agents les vendredis, samedis et dimanches. Et nous travaillons de 16h jusqu'à 2h du matin.", nous dit-elle.
Marie Lan Leroy, chargée de projet chez PRX-Vietnam |
Face à ce constat, les experts de PRX-Vietnam qui a mené certains projets de réduction de déchets dans la capitale vietnamienne proposent des solutions concrètes, inspirées des bonnes pratiques françaises. Marie Lan Leroy plaide pour une responsabilisation des organisateurs:
“On peut le réduire si on met l'ensemble des acteurs autour d'une table pour trouver des solutions vis-à-vis de ça. Et l'idée, c'est aussi de responsabiliser les organisateurs des événements. On ne peut pas tout simplement dire « Ah, c'est la faute des gens, ils ne savent pas, ils jettent ». Oui, c'est vrai qu'ils jettent, mais est-ce qu'il y a assez de poubelles? Est-ce qu'ils savent où est-ce qu'on met pour trier? Est-ce qu'on leur a communiqué sur l'effort qui est nécessaire de faire pour collecter les déchets ?", explique-t-elle.
En France, plusieurs initiatives ont été mise en oeuvre pour un événement «zéro déchet”. Marie Lan Leroy donne un exemple:
“Par exemple, en France dans les événements on utilise ce qu'on appelle des éco-cups. Alors, une éco-cup, qu'est-ce que c'est? C'est un verre que le marchand va vous vendre. Par exemple, vous allez acheter un jus d'orange, je dis 40.000 dong, et vous allez payer 10.000 dong en plus pour un verre. Le verre, ce sera le même pour l'ensemble des marchands de l'événement. Ce verre-là, vous allez boire votre jus d'orange, et puis après, vous voudrez boire un jus de pomme, et après, vous allez dans un autre magasin, on vous lavera et on vous donnera un Eco Cup. Et puis, si vous voulez garder l'Eco Cup pour vous, vous le ramenez. Et puis, si vous n'en voulez pas, vous le donnez à un marchand qui vous rendra les 10.000 dongs. Donc, le résultat, c'est que quand vous sortez de l'événement, il n'y a pas de gobelets en plastique qui sont rejetés”.
Emmanuel Cerise, directeur de PRX-Vietnam. Photo: Son Hà/VNEXPRESS |
Emmanuel Cerise, directeur de PRX-Vietnam, souligne le rôle crucial des associations dans cette transition tout en proposant des pistes pour adapter ces pratiques au Vietnam:
“C'est vrai que les ONG, les associations jouent un rôle important. En Ile-de-France, maintenant, partout en France, il y a des associations qui proposent, par exemple, de louer ces Eco-Cups ou du matériel réutilisable pendant les événements. Ca n'existe pas encore au Vietnam. Mais ça peut être une piste de partenariat, de discussion aussi, d'essayer une fois de le faire”.
En France, la Maison du Zéro Déchet par exemple, elle a montré que mutualiser les ressources événementielles peut être un succès. Plus de 10.000 objets réutilisables (assiettes, gobelets, couverts…) sont prêtés chaque année, évitant autant d’objets jetables. Au Vietnam, une telle initiative pourrait réduire les déchets massifs produits lors des grands événements. Marie Lan Leroy insiste sur l'importance de consulter toutes les parties prenantes:
“Du coup, il faut étudier pour savoir si les gens, les marchands et les consommateurs acceptent de le faire. Et puis il est aussi important par exemple de demander aux marchands: Est-ce que vous accepterez par exemple de réduire un peu le prix de la marchandise si les acheteurs apportent leur propre contenant? Est-ce que vous acceptez, vous donnez 2000 dongs et comme ça vous n'avez pas à acheter votre gobelet et ça lui permet de faire un geste écologique”.
La réduction des déchets lors d’événements repose sur une responsabilité partagée entre organisateurs, participants et autorités locales. En s’inspirant des modèles français et en adaptant ces pratiques au contexte vietnamien, il est possible de transformer les événements en des espaces plus respectueux de l’environnement. Cette démarche, bien qu’exigeante, est un investissement pour un avenir durable.