Contrairement aux rues hanoiennes qui étaient quasiment désertes en cette froide soirée d’hiver, l'Auditorium de l'Institut français de Hanoï était bondé. Un grand soir, donc, au sens propre comme au sens figuré, car c’est bel et bien à une petite révolution - musicale, cela s’entend - qu’ont assisté les spectateurs.
«Il faut remercier les organisateurs et les musiciens: il y a beaucoup de nouveauté là-dedans, c’est vraiment rafraîchissant…»
«C'est la première fois que je participe à un festival comme celui-ci, et franchement, je trouve ça formidable!»
«Je travaille aussi dans la musique et je trouve que ces mélodies sont faciles à écouter. C'est une nouvelle voie qui s'ouvre…»
 Le groupe «Chu cá lo» |
Premier groupe à jouer sur scène, le groupe «Chu cá lo» se revendique très clairement du Rock‘n Roll. Fondé en 2019, le groupe est composé de quatre garçons âgés de 25 ou 26 ans. D'après ces derniers, «Chu cá lo» est un jeu de mot qui peut signifier «la vraie couleur». Et en effet, le groupe table sur une approche décomplexée et authentique, à l’image de son chanteur à la gestique déjantée. Pour cette soirée à l’Espace, il a présenté quelques unes de ses meilleures chansons comme Thang Dien (Le fou) ou encore Ngot (sucré).
«Nous voulons jouer notre musique. Et c'est ça qui compte. Alors cette soirée est une occasion pour nous de faire ce qu'on aime le plus. Mais Livespace ne se résume pas à un concert. Il s’agit aussi de produire de nouvelles chansons de manière plus professionnelle. Comme nous sommes un groupe indépendant, nous sommes peu familiers avec tout ce qui touche à l'enregistrement, au mixage, ou au marketing… Mais avec ce projet-là, nous allons pouvoir y remédier», nous dit Nguyên Hà, un membre du groupe.
 Nguyên Huy Tuân et Trang Lê (droite) du groupe «Limebocx»
|
En deuxième position, vient le groupe «Limebocx». Fondé en 2017 et composé de seulement de deux personnes, «Limebocx» étonne et détonne dans le paysage musical avec un mélange électro, beatbox et musique traditionnelle. Pour Nguyên Huy Tuân et Trang Lê, ses deux membres, le Ca trù reste la source numéro un.
«Notre groupe est composé de seulement de deux membres mais on a toujours du mal à trouver un créneau pour se réunir. Moi et Trang, on n'est plus tout jeune. J'ai 28 ans et Trang 27. On a chacun notre propre famille et les soucis qui vont avec, donc le temps qu’on peut consacrer au groupe reste limité. Du coup, ce projet Livespace, c’est un peu comme une bouée de sauvetage. Je n'ai plus besoin d'aller partout pour demander comment produire de la musique, comment faire ceci, comment faire cela... Ici, je peux trouver réponse à toutes les questions que je me pose et me concentrer sur ce qui reste l’essentiel : la musique, notre musique!», nous confie Nguyên Huy Tuân.
 Le groupe «Nhung dua tre» |
Troisième et dernier groupe de la soirée, «Nhung dua tre» est lui aussi composé de quatre garçons. «Nous sommes des enfants qui apprennent à devenir adultes», semblent-ils vouloir nous dire. Axé sur le rock alternatif, un genre encore peu connu au Vietnam, le groupe a d’ores et déjà réussi à sortir cinq mini albums. Pour ce concert, leur programme est composé de trois titres phares: Gio (le vent), Anh Nang Mat Troi (Les Rayons du Soleil) ou encore Di Tim (Chercher).
«Sur scène, il se passe des choses fortes que nous sommes les seuls à pouvoir ressentir pleinement. Il arrive que l’un des membres du groupe fasse office de catalyseur, et dans ces cas-là, c'est comme une réaction chimique: on est sublimé et on est à 200% de nos capacités comme ce soir. Mais pour en arriver là, on a dû faire beaucoup de sacrifices. Certains d’entre nous ont accumulé les petits boulots pour mettre de l’argent de côté et permettre au groupe de survivre… Alors, ce qu’on attend, maintenant, c’est d’être capable de vivre de notre musique…», nous explique Nguyên Duc Anh, le bassiste du groupe.
Un premier concert, donc, qui devrait être suivi d’au moins cinq autres. Prochain rendez-vous dans deux mois, avec de nouveaux groupes, et surtout de nouvelles découvertes.
Affaire à suivre…