Né en 1937 et originaire du district de Phu Xuyên, en banlieue de Hanoï, Vu Khoan a été envoyé en URSS, en 1961, pour suivre une formation à l'École des relations internationales de Moscou. De retour au Vietnam, il a occupé plusieurs postes importants au sein du gouvernement. En 1990, il est devenu vice-ministre des Affaires étrangères. En 2000, il a été nommé ministre du Commerce et vice-président de la Commission nationale chargée des relations économiques internationales. Il a participé à d’importantes négociations commerciales, notamment avec les États-Unis, avec l’Organisation mondiale du Commerce, avec l’ASEAN, avec le Dialogue Asie-Europe (ASEM) ou encore avec Forum de coopération économique d’Asie-Pacifique (APEC). À chaque fois, il a accompli avec brio les missions qui lui ont été confiées.

«Je place toujours les intérêts de la nation au-dessus de tout. C’est la ligne directrice de toutes mes actions. C’est ce qui m’a permis de réussir à protéger les intérêts du Vietnam, y compris dans des négociations âpres», avait-il déclaré de son vivant.  

Vu Khoan a été le mentor de beaucoup de responsables vietnamiens, dont l’économiste Pham Chi Lan. Il maîtrisait parfaitement l’art des mots et savait mettre ses interlocuteurs à l’aise, se souvient-elle.

«En 2001, j’ai accompagné Vu Khoan, alors ministre du Commerce, aux États-Unis, pour finaliser la signature de l’accord de libre-échange Vietnam-États-Unis. Lors d’une réception à Washington, Vu Khoan a été invité à prendre la parole. D’un air souriant, il a dit qu’il avait fait un rêve et que dans ce rêve, il avait vu des Américains porter des chemises fabriquées au Vietnam, apprécier les crevettes importées du Vietnam et déguster du café et du thé cultivés au Vietnam. Beaucoup d’Américains qui étaient là lui ont répondu que ce rêve allait devenir réalité», nous raconte-t-elle.  

Franc et droit, perspicace et flexible, Vu Khoan était un diplomate né. S’il avait des principes forts, il avait aussi une grande ouverture d’esprit, se souvient l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Nguyên Phu Binh. Il a contribué à renforcer le prestige du Vietnam sur la scène internationale et à faire venir au pays de grandes institutions telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Lui-même avait une vision claire de ce que devait être l’intégration internationale du Vietnam.

«Dans le processus d’intégration, il y a des résultats matériels et immatériels. Les seconds sont aussi importants que les premiers. Quels sont-ils? À mon avis, il s’agit avant tout d’une forme de consensus social. À mon époque, très peu de gens savaient vraiment ce qu’est le capitalisme. Aujourd’hui, tout le monde peut devenir un citoyen du monde et s’informer de différentes manières. Il y a une véritable connaissance du monde extérieur, et ça aussi, c’est un acquis. Et puis il y a aussi la position du Vietnam sur la scène internationale. Avant, on ne connaissait le Vietnam que par la guerre. Maintenant, beaucoup de pays le considèrent comme un concurrent redoutable … », avait-il l’habitude de dire…

En 2007, Vu Khoan a pris sa retraite. Cependant, jusqu’à la fin de ses jours, il a continué à apporter des recommandations aux gouvernements qui se sont succédé. Il est récipiendaire de nombreuses distinctions honorifiques, notamment l’Ordre de l’Indépendance, première classe, l’Ordre du Travail, première classe, l’Ordre de la lutte antiaméricaine, deuxième classe, l’Ordre de l’amitié des peuples (URSS), l’Ordre de la Liberté (Laos) ou encore l’Ordre du Soleil levant (Japon).