Photo d'archives (source: qdnd.vn) |
Les accords de Paris marquent l’aboutissement de cinq années de négociations, de 1968 à 1973, qui se sont réparties en 201 réunions officielles, 45 huis clos de haut niveau, 500 conférences de presse et mille interviews. Finalement, la victoire a été remportée par une diplomatie jeune mais courageuse qui portait la voix de la juste cause et qui était soutenue par les peuples progressistes de par le monde.
Un aboutissement pour la diplomatie vietnamienne
Tous les historiens le confirment, durant toutes ces réunions, les négociateurs vietnamiens n’ont laissé échapper aucun détail qui pouvait servir leur cause. Ils avaient deux exigences majeures: premièrement, que les États-Unis et leurs alliés d’Asie-Pacifique retirent toutes leurs troupes du Sud Vietnam et deuxièmement, que ces pays respectent les droits nationaux fondamentaux, ainsi que l’autodétermination des Vietnamiens du Sud.
L’indépendance et l’autonomie ont été les mots d’ordre des négociateurs vietnamiens, rappelle l’actuel ministre des Affaires étrangères, Bùi Thanh Son, qui admire particulièrement Lê Duc Tho, conseiller de la délégation vietnamienne à Paris.
«Lê Duc Tho a bien appris la leçon donnée par le Président Hô Chi Minh aux diplomates vietnamiens, qui se résume en «Principe immuable, approches flexibles». Durant les cinq années de négociations avec des centaines de confrontations intellectuelles, il a toujours défendu la position du Parti avec perspicacité et stratégie. C’est ainsi que les négociateurs vietnamiens ont transformé les victoires au front en victoires sur la table des négociations. La signature des accords de Paris marque une des apogées de la diplomatie vietnamienne», affirme-t-il.
Des leçons historiques inestimables
Cet évènement, survenu tout juste il y a 50 ans, a fait couler beaucoup d’encre. Mais les historiens, tous côtés confondus, reconnaissent qu’il s’agit d’un jalon d’or de la diplomatie vietnamienne, qui laisse des leçons précieuses aux générations suivantes. La plus grande leçon est de bien évaluer la situation et de saisir la moindre opportunité, constate Nguyên Thi Binh, ministre des Affaires étrangères du gouvernement révolutionnaire intérimaire de la République du Sud Vietnam, période 1969-1975, et cheffe de la délégation de ce gouvernement aux négociations de Paris.
«La première chose importante consiste en l’évaluation de la situation. Il faut bien se connaître soi-même et son adversaire. La deuxième chose est de savoir saisir les opportunités. La troisième chose est d’avoir une bonne stratégie, de savoir faire la part de ce qui est essentiel et de ce qui est secondaire. D’après moi, sur le plan diplomatique, nous avons eu vraiment d’excellentes initiatives», juge-t-elle.
L’ancien vice-Premier ministre Vu Khoan (photo: VTC)
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L’ancien vice-Premier ministre Vu Khoan fait partie de la génération de diplomates qui a succédé à celle de Nguyên Thi Binh.
«Les négociations de Paris sont sans doute les négociations de paix les plus longues de l’Histoire, qui ont laissé à la diplomatie vietnamienne des leçons sur l’union des forces, sur la détermination, sur la persévérance et sur l’habileté», commente-t-il.
Selon les documents officiels, durant les négociations de Paris, des milliers de meetings et de manifestations contre la guerre et en soutien au Vietnam ont eu lieu partout dans le monde, y compris aux États-Unis. Le mouvement anti-guerre et pro-Vietnam est devenu une importante source d’encouragement pour notre pays, au front comme sur la table des négociations. Il s’est poursuivi même après les pourparlers de Paris, contribuant à la victoire de l’offensive générale du printemps 1975, laquelle s’est soldée par la libération totale du Sud et la réunification du pays.
Ce soutien international est aussi une grande leçon que le Vietnam a tirée des négociations de Paris. Comment profiter des ressources extérieures, qui sont immenses, pour défendre, édifier et développer le pays? Voilà un grand enjeu pour le Vietnam qui ne cesse d’approfondir son intégration internationale, dans un monde en mutation, où les défis sont parfois plus nombreux que les opportunités.