Lê Dang Toàn, dernier artisan du tissage de “the” dans le village centenaire de La Khê

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(VOVWORLD) - Moins connue que la soie de Van Phuc, la soie “the” de La Khê, dans l’arrondissement de Hà Dông (Hanoï), reste dans l’ombre malgré un savoir-faire tout aussi raffiné. Également issu du fil de soie, le “the” de La Khê se distingue par une technique de tissage bien plus complexe et exigeante. Longtemps menacé de disparition, cet artisanat traditionnel renaît peu à peu grâce à l’engagement de l’artisan Lê Dang Toàn. Porté par le désir de faire revivre l’âme d’un tissu jadis emblématique, il s’attache, avec passion et ténacité, à préserver ce patrimoine et à redonner au “the” de La Khê une place sur le marché contemporain.
Lê Dang Toàn, dernier artisan du tissage de “the” dans le village centenaire de La Khê - ảnh 1L’artisan Lê Dang Toan concentré à son métier. Photo: Thanh Huyền/VOV2

Le village de tissage de La Khê était autrefois renommé dans tout le pays pour ses étoffes de qualité, aux textures fraîches, légères, confectionnées par les mains expertes des artisans locaux et ornées de motifs d’une grande finesse. Ces tissus haut de gamme étaient autrefois réservés à la royauté et à l’aristocratie. Ils ont même été exportés vers plusieurs pays européens et présentés lors d’expositions à Paris.

Né à La Khê, Lê Dang Toàn a vécu une période où le tissu de soie traditionnel de son village avait presque disparu. Après avoir exercé plusieurs métiers, c’est par hasard, en réparant des métiers à tisser, qu’il s’est rapproché du métier ancestral du tissage. En 2003, avec la mise en place d’une politique pour restaurer le village artisanal de La Khê, Toàn a été parmi les premiers jeunes à s’engager volontairement dans les formations animées par les artisans expérimentés.

«Autrefois, en apprenant le métier de tissage de serviettes, j’ai pu maîtriser les techniques de base. De retour dans mon village, lorsque la coopérative a vu le jour, nous avons entrepris de restaurer ce métier traditionnel, avec le soutien précieux des artisans chevronnés», raconte-t-il.

Lê Dang Toàn, dernier artisan du tissage de “the” dans le village centenaire de La Khê - ảnh 2Le cliquetis régulier de la navette résonne chaque jour dans l’atelier de Lê Dang Toan. Photo: Thanh Huyền/VOV2

Grâce à sa maîtrise des machines à tisser et des principes du tissage, Lê Dang Toàn a rapidement intégré les savoir-faire précieux du tissage du “the”. Il a même réussi à restaurer un ancien métier à tisser, qu’il a ensuite amélioré pour en faire un modèle semi-artisanal.

«Avant, tisser avec la soie brute était plus facile. Le plus difficile, c’est quand on teint la soie avant de la tisser, car cette étape est très complexe et les fils peuvent facilement se casser ou s’emmêler. Ce métier est vraiment difficile, chaque étape demande beaucoup de minutie. Mais grâce à la passion et à la patience, je m’efforce de fabriquer des tissus qui ressemblent à ceux que les anciens faisaient autrefois», nous confie-t-il.

En plus de préserver les motifs traditionnels, Toàn cherche également à créer de nouveaux motifs. Le tissage du “the” de La Khê est un travail très minutieux qui demande beaucoup de patience. Certains modèles prennent deux à trois mois à réaliser, et les plus complexes peuvent durer jusqu’à six mois. La phase la plus difficile reste la création du dessin, car le dessinateur doit calculer chaque trait avec soin pour que le motif soit à la fois harmonieux et bien mis en valeur une fois tissé.

Pour ressusciter le tissu “the” de La Khê, Lê Dang Toàn a récupéré d’anciens métiers à tisser qu’il a lui-même remontés. Il a ensuite étudié et réussi à restaurer des tissus “sa” anciens, perdus depuis plusieurs décennies. Certains tissus doivent être entièrement tissés à la main, et aujourd’hui, lui seul maîtrise encore ce savoir-faire.

«Le “the” de La Khê est aussi tissé à partir de fil de soie, mais chez nous, la technique consiste à tisser de façon espacée sans que le tissu ne se déforme. Ce tissu est très respirant en été, tout en gardant la chaleur en hiver. Les motifs sont souvent discrets, cachés à l’intérieur avec des dessins délicats», dit-il avec fierté.

Lê Dang Toàn, dernier artisan du tissage de “the” dans le village centenaire de La Khê - ảnh 3Le public admire les produits en soie the de La Khê. Photo: Thanh Huyền/VOV2

Les créations de Lê Dang Toàn sont très prisées par des stylistes de l’áo dài, notamment Lê Ngoc Hân.

«Grâce à la technique de tissage torsadé des artisans de La Khê, on peut couper le tissu librement sans craindre qu’il ne se déforme ou s’étire. Le tissu La Khê est à la fois solide et met parfaitement en valeur la silhouette féminine», observe-t-elle.

Trân Hông Mai, qui habite le quartier Hàng Gai, dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm, à Hanoï, est elle aussi tombée sous le charme du tissu “the” de La Khê.

«Le tissu “the” de La Khê, tant par sa texture que par ses couleurs, reste fidèle à l’esthétique traditionnelle vietnamienne. Il se démarque nettement des tissus venus de Chine ou de Corée», partage-t-elle.

Dernier atelier de tissage encore en activité à La Khê, celui de Lê Dang Toàn témoigne d’une passion intacte pour un artisanat ancestral. L’artisan s’investit pleinement dans la transmission de son savoir-faire aux jeunes générations, tout en innovant dans les motifs et en collaborant avec des créateurs pour inscrire le “the” de La Khê dans une esthétique contemporaine, sans en trahir l’âme traditionnelle. Grâce à l’engagement de ces artisans passionnés, dont Lê Dang Toàn, le “the” de La Khê a retrouvé sa place sur les podiums des festivals culturels et des événements dédiés à l’áo dài, au Vietnam comme à l’étranger, où il séduit un public toujours plus large.

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