Vo Xuân Quê et son ouvrage |
Cet ouvrage recense 62 traductions en 37 langues, réalisées par 79 traducteurs, dont 15 versions encore inconnues du public vietnamien jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit là de la compilation la plus complète jamais réalisée sur le sujet.
Le colonel Nguyên Van Thu, ancien directeur du Service cinématographique de la Police populaire, salue ce travail comme «une entreprise minutieuse et érudite menée avec sérieux et rigueur. Cet ouvrage offre une vision d’ensemble sur la manière dont le Carnet de prison s’est diffusé à travers le monde.»
Pour enrichir sa recherche, Vo Xuân Quê est en effet entré en contact avec plusieurs traducteurs encore en vie, notamment ceux des versions bengali (Inde et Bangladesh), anglaise, cinghalaise (Sri Lanka) et malayalam (Inde). Il s’est également rendu en Finlande, en Suède et au Danemark pour consulter les archives et retracer l’histoire de certaines traductions peu connues.
«En découvrant ces traductions, on comprend pourquoi ces traducteurs ont choisi de s’approprier cette œuvre. Et surtout, on perçoit comment les lecteurs étrangers l’ont accueillie. Beaucoup ont été touchés par l’âme d’artiste du Président Hô Chi Minh, au-delà de l’image du dirigeant communiste ou du révolutionnaire», partage Vo Xuân Quê.
"Carnet de prison" en basque |
Selon lui, le Carnet de prison est «une œuvre littéraire d’une profondeur rare, tant sur le plan idéologique qu’artistique, un autoportrait saisissant qui permet de mieux comprendre l’homme de culture et de combat qu’était Hô Chi Minh.»
Depuis sa première parution en vietnamien en 1960, le Carnet de prison est sans doute l’ouvrage le plus réédité de la littérature vietnamienne. Pourtant, comme pour le Kiêu, il n’existait jusqu’alors aucune synthèse claire sur le nombre de traductions ni sur les pays où l’œuvre a été publiée.
C’est cette lacune qui a poussé Vo Xuân Quê à lancer son ambitieux projet de recensement. Tout a commencé en 2020, lorsqu’il a découvert, à sa grande surprise, que certaines traductions scandinaves, dont une en finnois, éditées depuis plus d’un demi-siècle, étaient encore inconnues au Vietnam.
«Lors d’une visite au musée Hô Chi Minh, je n’ai vu que quelques exemplaires traduits du Carnet de prison, et aucune version en langues scandinaves. J’ai alors contacté les bibliothèques universitaires et nationales de Suède, de Norvège et du Danemark pour commencer mes recherches. J’ai ensuite partagé mes découvertes dans la presse vietnamienne. Et de fil en aiguille, j’ai décidé d’élargir encore mon travail, à la hauteur de la portée universelle de cette œuvre», explique-t-il.
Carte de Vo Xuan Quê représentant les pays où l’ouvrage Carnet de prison du président Hô Chi Minh a été publié |
Contrairement aux études précédentes, son ouvrage adopte une approche rigoureuse: seules les traductions en langues étrangères sont prises en compte, à l’exclusion des versions en vietnamien et en thaï du Vietnam, ainsi que du texte original en chinois classique imprimé en Chine. En outre, il apporte de précieuses corrections à des informations inexactes véhiculées dans certains travaux antérieurs. Le général et écrivain Nguyên Hông Thai admire cette rigueur.
«C’est une œuvre majeure. Grâce à sa patience et à son exigence, le docteur Vo Xuân Quê a produit le travail de référence le plus complet sur les traductions étrangères du Carnet de prison. Il a même suggéré que l’État vietnamien rende hommage aux traducteurs du monde entier qui ont contribué à faire connaître cette œuvre. Une idée remarquable. Ce livre nous aide à mesurer la grandeur du Président Hô Chi Minh, éminent homme de culture du monde», déclare-t-il.
Mais l’ouvrage de Vo Xuân Quê ne comporte pas seulement de traductions, il présente également certaines œuvres musicales inspirées par ces traductions, notamment un chœur composé par des musiciens britanniques.