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Les relations entre Washington et Téhéran sont plus tendues que jamais depuis le retrait américain de l’accord nucléaire historique (JCPOA) signé en 2015 entre l’Iran et les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine. Depuis l’administration Trump a imposé à l’Iran de sévères sanctions qui étouffent l’économie du pays et déstabilisent le régime. La semaine dernière, le président iranien a annoncé la suspension de certains de ses engagements et a lancé un ultimatum aux autres signataires encore parties prenantes de l’accord, leur donnant 60 jours pour respecter leurs promesses, notamment dans les secteurs pétrolier et bancaire. Téhéran a aussi menacé de mettre en place des mesures de représailles si le dossier nucléaire était remis en question au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’escalade verbale
Sur le plan sécuritaire, la situation s’est aussi beaucoup dégradée. Le 13 mai, le conseiller américain à la Défense John Bolton a fait savoir que les États-Unis entendait envoyer 120.000 soldats au Moyen-Orient en cas d’attaque iranienne ou de relance par Téhéran de son programme nucléaire. Selon les médias américains, Washington a déjà déployé dans le golfe persique le porte-avions USS Arlington et des bombardiers B-5 et déjà envoyé en Irak quelque 5.200 hommes.
En réaction, l’ayatollah Youssef Tabatabai-Nejad a durci le ton. «La flotte américaine, qui coûte des milliards de dollars, peut être détruite avec un seul missile», a-t-il mis en garde. Le président Hassan Rohani, lui, a défié toute menace contre la République islamique. Son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a qualifié de «suicidaires» les tentatives de lancer une guerre contre Téhéran.
Pourquoi ces tensions?
Le 8 mai 2018, Donald Trump a annoncé que les États-Unis sortaient de l’accord sur le nucléaire iranien signé sous l’administration Obama, et a déclaré vouloir imposer contre l’Iran les sanctions «les plus dures de l’histoire». Fin avril 2019, l’administration Trump a mis fin aux exemptions accordées aux huit pays autorisés à importer du pétrole iranien et a conseillé à ces États de se fournir auprès de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Le président américain a également inscrit les Gardiens de la Révolution, qui sont le cœur même du régime de Téhéran, sur la liste des organisations terroristes.
En représailles, Téhéran a mis les forces armées américaines sur une liste similaire et a menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, le point névralgique du commerce du pétrole. L’Iran a aussi décidé de ne plus respecter l’engagement de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi, pris au titre du JCPOA. L’Iran serait toutefois prêt à reprendre les négociations avec les États-Unis à condition que les sanctions américaines à son encontre soient levées.
Un défi de la patience
Malgré ces tensions verbales entre l’Iran et les États-Unis, les spécialistes excluent la possibilité d’une guerre entre les deux pays compte tenu des conséquences économiques catastrophiques qui découleraient de la fermeture du détroit d’Ormuz. Pour preuve, Donald Trump a démenti ce mardi le projet d’envoi des 120.000 hommes au Moyen-Orient et à l’identique, l’ayatollah suprême Ali Khamenei a déclaré ne pas vouloir la guerre contre Washington.
Si aucune des deux parties ne veut la guerre, le risque de dérapage reste toutefois élevé.