Photo d'illustration
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Œil pour œil, dent pour dent… Le moins qu’on puisse
dire, c’est qu’Américains et Iraniens se rendent coup pour coup. Les premiers
ont certes tout un arsenal de sanctions à leur disposition pour faire plier la
République islamique, mais celle-ci semble faite d’un métal inoxydable…
Des
répliques…
Tout a commencé en 2018, avec le retrait
unilatéral des Etats-Unis de ce fameux accord de Vienne, le JCPOA. L’actuel
locataire de la Maison Blanche estime en effet que cet accord n’empêche ni les essais
de missiles balistiques ni l’intervention de l’Iran dans les conflits
régionaux. Aussi s’était-il engagé à en retirer les États-Unis durant sa
campagne électorale. Non content de tenir cette promesse, Donald Trump a
ensuite rétabli toute une série d’embargos, notamment en ce qui concerne les
hydrocarbures.
De son côté, l’Agence Internationale de
l’Energie Atomique a effectué plusieurs missions d’inspection en Iran. Pour
elle, pas de doute : Téhéran respecte scrupuleusement les termes de
l’accord. Mais la Maison Blanche n’en a cure. Elle a inscrit les Gardiens de la
révolution islamique sur sa liste des organisations terroristes...
Pour l’Iran, c’est la goutte d’eau qui fait
déborder le vase. Téhéran menace désormais de bloquer le détroit d’Ormuz, qui
est un point de passage important, et de suspendre certains des engagements pris
dans le cadre du JCPOA. La République islamique exige par ailleurs des autres parties
restantes de l’accord, à savoir le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, la France
et l’Allemagne, qu’elles honorent leur engagement à protéger les secteurs
pétrolier et financier iraniens des sanctions américaines. Faute de quoi, dans
60 jours, Téhéran augmentera son niveau d’enrichissement d’uranium... C’est le
président iranien lui-même qui l’a annoncé, ce mercredi 8 mai. Quelques heures
après, son homologue américain lui a donné la réplique, une réplique cinglante
sous forme d’un décret sanctionnant les secteurs des mines et des métaux, les
deux plus grandes ressources de l’Iran derrière le pétrole. En clair, les
États-Unis n’autorisent plus aucun pays à acheter du métal iranien.
En attendant, le porte-avions USS Abraham
Lincoln a pris la direction du Moyen-Orient et des bombardiers B-52 devraient
suivre. Les Gardiens de la révolution islamique seraient de leur côté en train
de déployer des missiles en direction du détroit d’Ormuz...
… qui
inquiètent la communauté internationale
La signature de l’accord de Vienne avait été en
son temps - 2015, donc - saluée comme un événement majeur, comme le triomphe de
la raison. Pour l’instant, l’hypothèse d’un retrait iranien n’est pas
d’actualité, mais l’annonce faite mercredi par le président Hassan Rohani ne
laisse pas d’inquiéter la communauté internationale et notamment le secrétaire
général de l’ONU, qui a toujours considéré le JCPOA comme un succès
diplomatique. «Aujourd’hui
rien ne serait pire que de voir l’Iran quitter cet accord», a déclaré
la ministre française des Armées, Florence Parly. D’après elle, la France, le
Royaume-Uni et l’Allemagne doivent s’efforcer de maintenir l’accord, quitte à devoir
apporter un soutien économique à l’Iran, en proie aux sanctions américaines. Ces
sanctions unilatérales, Pékin les a également condamnées avec véhémence,
estimant qu’il revenait à tous les signataires de l’accord de Vienne de
l’appliquer.
Si cet accord venait à s’effondrer, ce serait une
catastrophe pour l’Iran et le monde entier, États-Unis compris. Reste à voir si la
sagesse l’emportera in extremis.