Le Premier Ministre autrichien Sebastian Kurz - Photo THX/TTXVN
|
La
présidence du Conseil européen change chaque semestre. Tous les pays membres
ont donc l’occasion de l’assumer. Celui qui est président du Conseil a la
responsabilité de présider ses réunions, d’en décider l’ordre du jour,
d’arrêter le programme de travail et de favoriser le dialogue autant au sein
des réunions dudit conseil qu’avec les autres institutions européennes.
Un
moment crucial
L’Autriche
a pris la présidence du Conseil européen au moment où les 28 se trouvent devant
d’énormes défis, intérieurs comme extérieurs. La sécurité des pays membres, les
dettes publiques, l’immigration, le divorce avec le Royaume-Uni, les relations
avec les États-Unis et la Russie… voilà les principaux fardeaux qui pèseront
sur les épaules du chancelier Sebastian Kurz et son gouvernement.
Ces
derniers ont d’ores-et-déjà annoncé des priorités. Les premières concernent la
sécurité et l’immigration. «Une Europe qui protège», tel est le slogan du
gouvernement autrichien qui prône une gestion migratoire plus draconienne, une
meilleure défense des frontières extérieures de l’Union européenne pour
garantir la sécurité des habitants et prévenir les immigrations clandestines.
L’Autriche cherche aussi à promouvoir les négociations d’un budget pluriannuel
pour l’Union européenne, entre 2021 et 2027, et à admettre de nouveaux membres.
Au
sujet du Brexit, elle veut conduire les négociations de telle manière que le
Royaume-Uni puisse quitter l’Union européenne en mars prochain de manière
douce, et que les relations économiques bilatérales soient redéfinies
convenablement.
En ce
qui concerne la Russie, l’Autriche présidente de l’Union européenne préconise
de tourner la page des sanctions. Elle compte se rapprocher de cette grande
puissance pour réduire les pertes subies par les entreprises européennes.
Enfin, avec les États-Unis, elle négociera pour prévenir le risque d’une guerre
commerciale.
Un
mandat délicat
Certes,
les ambitions de l’Autriche sont grandes. Reste à savoir comment elle pourra
les réaliser.
L’Union
européenne vit dans une année décisive. Plusieurs de ses institutions
s’apprêtent à se restructurer dans la perspective des élections générales
prévues l’année prochaine dans certains des pays membres. Le Parlement
européen, lui aussi, aura ses propres élections. Dans ce contexte, les
gouvernements des pays membres trouvent qu’ils ont plus de chats à fouetter
chez eux qu’à Bruxelles, d’où un certain manque de synergie européenne.
A cela
s’ajoute la pomme de discorde migratoire. Malgré l’accord obtenu lors du sommet
européen du 29 juin dernier, les divergences radicales entres pays de l’Est et
ceux de l’Ouest rendent extrêmement compliquée sa mise en application.
L’Autriche
a maintes fois exprimé sa volonté de mettre fin à cette division au sein de
l’Union européenne, proposant de jouer l’intermédiaire entre différentes
parties. A noter que ce pays a déjà assumé la présidence de l’Union européenne
deux fois, en 1998 et 2006. Le moment est revenu pour elle de faire valoir son
pouvoir fédérateur. Attendons de voir si Sebastian Kurz, le plus jeune
chancelier de l’histoire autrichienne, réussira cet exploit.