Réunis du 15 au 17 juin dans la province d’Alberta, au Canada, les dirigeants des sept grandes économies avancées n’ont pas réussi à dégager de position partagée sur les sujets majeurs à l’ordre du jour. À la place d’une déclaration conjointe, seuls des documents thématiques ont été publiés.
Iran, Ukraine: les sujets qui fâchent
Le président américain Donald Trump est rentré plus tôt que prévu du sommet du G7 au Canada. Il est arrivé à la base militaire d’Andrews, dans le Maryland, aux États-Unis, le 17 juin 2025.
Photo: REUTERS/Kevin Lamarque |
La tension est montée d’un cran dès la veille du sommet, après l’attaque surprise israélienne contre l’Iran. Cet événement a éclipsé les priorités établies par le Canada, pays hôte, et précipité le départ de Donald Trump dès le lendemain de son arrivée, pour «gérer la crise depuis Washington».
Mais au-delà de l’urgence géopolitique, cet épisode a mis en lumière les profondes divisions entre Washington et les chancelleries européennes. Donald Trump privilégie une ligne dure face à l’Iran, tandis que les pays européens favorisent la diplomatie et le dialogue, dans l’esprit de l’accord nucléaire de 2015. Le président américain a ainsi vertement critiqué son homologue français, qui avait évoqué une proposition américaine de cessez-le-feu et la volonté des Européens de relancer les négociations avec Téhéran.
Même échec sur le dossier russo-ukrainien: les Européens espéraient convaincre Washington d’intensifier les sanctions contre Moscou. En vain. Donald Trump a réaffirmé qu’il désapprouvait l’exclusion de la Russie du G8 en 2014, la qualifiant d’erreur stratégique et a refusé de rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le G7 n’a donc pu produire aucun texte commun sur ce conflit, malgré les annonces unilatérales de sanctions contre la Russie et d’aides pour l’Ukraine par le Canada et ses alliés. Le président américain a néanmoins tenu à justifier son retrait.
«Je suis en attente d’un éventuel accord [avec la Russie]. Les sanctions coûtent très cher aux États-Unis, elles ne sont pas simples ni unilatérales», a-t-il déclaré.
Le départ anticipé du président américain a également compromis les discussions commerciales prévues avec les dirigeants européens et japonais. Seul un accord bilatéral entre les États-Unis et le Royaume-Uni a été confirmé. En revanche, Donald Trump a profité de son retour à Washington pour adresser un ultimatum tarifaire à l’Union européenne.
Climat, IA, migration: quelques avancées ciblées
Malgré l’absence de consensus global, plusieurs communiqués thématiques ont été publiés. Le plus marquant concerne l’intelligence artificielle: les sept pays les plus industrialisés s’engagent sur une approche «centrée sur l’humain» pour encadrer les usages de l’IA, promouvoir l’innovation responsable, renforcer la sécurité nationale et stimuler la croissance.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni lors d’une réunion au sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, en Alberta, au Canada, le 17 juin 2025. Photo : REUTERS/Amber Bracken |
Un accord a aussi été trouvé sur une vision commune pour les technologies quantiques, avec un appel à renforcer les investissements publics et privés dans ce domaine. Le G7 a également traité de nouveaux thèmes, comme l’a noté Georgia Meloni, la présidente du conseil italienne.
«Nous avons abordé des sujets cruciaux comme les réfugiés, un thème pour la première fois évoqué au niveau du G7 avec une déclaration commune, l’intelligence artificielle, ainsi qu’un enjeu stratégique que sont les minerais essentiels», a-t-elle précisé.
En outre, les dirigeants du G7 ont signé une déclaration affichant leur volonté de mettre fin à la traite des êtres humains. Ils envisagent notamment des sanctions ciblées contre les réseaux impliqués dans le trafic de migrants.
Le Premier ministre canadien Mark Carney et son homologue indien Narendra Modi se serrent la main au sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, en Alberta, au Canada, le 17 juin 2025. Photo : REUTERS/Amber Bracken |
Sur le plan environnemental, le sommet a adopté la Charte de Kananaskis sur les feux de forêt, engageant les pays membres, ainsi que l’Australie, l’Inde, le Mexique, la République de Corée et l’Afrique du Sud, à coopérer en matière de prévention, de recherche et de reconstruction des zones sinistrées.
Enfin, en marge du sommet, le Canada et l’Inde ont clos leur épisode de tensions entamé en 2023. Le Premier ministre indien Narendra Modi et son homologue canadien Mark Carney se sont engagés à tourner la page et à rétablir des relations normales.