L'UE et le Mercosur signent un accord de libre-échange après 20 ans de négociations

Quang Dung
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(VOVWORLD) - Le 6 décembre 2024, l'Union européenne (UE) et le Mercosur ont officiellement signé leur accord de libre-échange, mettant fin à plus de deux décennies de négociations complexes. Bien que cet accord offre de nombreuses perspectives économiques et politiques pour les deux blocs, son adoption reste incertaine en raison des obstacles rencontrés lors de la phase de ratification en Europe.

L'accord a été signé à Montevideo, en Uruguay, par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et les dirigeants des quatre pays membres du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).

Un marché gigantesque en perspective

Les négociations entre l'UE et le Mercosur ont débuté en 1999, mais ce n'est qu'en 2019 qu’un accord préliminaire a été trouvé. Prévu initialement pour être ratifié dans les deux années suivantes, l'accord avait été suspendu pendant cinq ans, principalement en raison de la pandémie de Covid-19 et des fortes résistances des agriculteurs européens, notamment en France, en Belgique et en Espagne. Les négociations pour finaliser l'accord ont pris un tournant décisif avec les changements importants au sein du leadership du Mercosur, notamment depuis le retour de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence du Brésil en 2023. En tant que président du G20 cette année, Lula da Silva a utilisé son influence pour convaincre plusieurs dirigeants européens de revoir leur position et de soutenir l'accord UE-Mercosur avec davantage de détermination.

Si l’accord est ratifié, il créera l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde, couvrant plus de 720 millions de personnes et représentant près de 25% du PIB mondial. Environ 90% des barrières tarifaires entre les deux régions seront supprimées, ce qui permettra aux entreprises européennes d'accéder plus facilement au marché sud-américain de 273 millions de consommateurs, notamment pour des produits comme les automobiles, les machines, les produits chimiques et les médicaments. De son côté, le Mercosur pourra exporter ses produits agricoles et miniers vers l'UE, l'un des plus grands marchés du monde avec plus de 450 millions de consommateurs au pouvoir d'achat élevé.

Bien que le Mercosur soit actuellement le 10e partenaire commercial de l'UE (avec un échange bilatéral de 110 milliards de dollars l’an dernier), l'accord permet à l'Europe de sécuriser un accès crucial aux ressources nécessaires à la transition énergétique, telles que le lithium et le nickel. Par ailleurs, l'accord ouvre de nouvelles perspectives pour l'UE dans les appels d'offres pour des projets d'investissements publics au sein du Mercosur, un secteur jugé particulièrement prometteur.

«Cet accord facilitera les investissements européens dans des secteurs clés des pays du Mercosur, comme l'exploitation minière durable, les énergies renouvelables et la sylviculture durable. Il permettra également de soutenir des projets ayant un impact direct sur le quotidien des populations, tels que l'extension des réseaux électriques vers les zones rurales et isolées, ou encore l’accélération de la numérisation dans toute la région», a souligné Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

Un enjeu politique majeur

Au-delà des bénéfices économiques, cet accord revêt une importance politique considérable. En dépit de l’opposition de certains pays européens, notamment la France, qui a réussi à rallier d’autres nations comme la Pologne, l'Autriche et l’Italie, Ursula von der Leyen a pris la décision de signer l’accord, soulignant qu'il s'agissait non seulement d'une opportunité économique, mais aussi d'une nécessité politique pour défendre le multilatéralisme et le libre-échange à l'échelle mondiale. 

«Cet accord représente un partenariat fondé sur des valeurs communes, où l’ouverture et la coopération sont les moteurs du progrès et de la prospérité. Il est une réponse claire face à ceux qui prônent l’isolement et la fragmentation», a-t-elle expliqué.

Dans le même sens qu'Ursula von der Leyen, Pedro Brites, expert de la Fondation Getulio Vargas (Brésil), estime que cette décision a également été accélérée par la montée du protectionnisme aux États-Unis, sous l'administration Trump, qui a poussé l'UE et le Mercosur à diversifier leurs relations commerciales pour éviter des tensions économiques mondiales. 

«Avec la victoire de Donald Trump, il est désormais clair que les États-Unis adopteront une politique plus tournée vers leurs propres intérêts, se fermant davantage au marché international. Cela a incité à la fois l'Europe et le Mercosur à accélérer les négociations, à dépasser certains obstacles et à finaliser l'accord», a précisé Pedro Brites.

Le principal défi pour l'entrée en vigueur de cet accord réside désormais dans sa ratification par les États membres de l'UE. En vertu des règles européennes, l'accord devra être approuvé par au moins 15 pays membres représentant 65% de la population de l'UE et obtenir la majorité au Parlement européen. Les oppositions persistantes de pays comme la France, la Pologne et l'Autriche, en raison des conséquences potentielles de l’accord sur l'agriculture européenne, rendent sa ratification complexe.

De l’avis des analystes, la Commission européenne devra probablement introduire de nouvelles mesures de soutien à l'agriculture pour apaiser les syndicats agricoles et garantir les votes nécessaires à l'approbation de l'accord.

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