La 29ème Conférence des Parties de la CCNUCC (COP29) s'est tenue du 11 au 24 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Photo: Kyodo/TTXVN |
Un accord aux ambitions limitées
Initialement prévue du 11 au 22 novembre, la conférence s’est prolongée de deux jours afin de finaliser cet accord financier crucial. Comme lors de nombreuses éditions précédentes, les discussions ont été longues et difficiles, notamment concernant le financement climatique.
L’objectif principal de la COP-29 était d’aboutir à un nouvel accord financier, le Nouvel Objectif Quantifié Collectif (NCQG), visant à remplacer l’engagement des pays industrialisés de contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars par an, pris en 2009 et arrivant à échéance fin 2024. Les négociations ont occupé plus de la moitié du temps de la conférence. Finalement, un compromis a été trouvé à la dernière minute: les pays industrialisés ont accepté d’augmenter leur contribution à 300 milliards de dollars par an, contre 200 milliards prévus initialement. Ils ont aussi promis de mobiliser jusqu’à 1.000 milliards de dollars supplémentaires d’ici 2035.
Cette proposition de 300 milliards de dollars a été largement critiquée par de nombreux pays en développement, jugée trop faible face aux besoins réels, qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars annuels. Des pays comme l’Inde, le Nigéria ou Cuba ont qualifié cette somme de "blague" et dénoncé la promesse de 1.300 milliards de dollars en 2035 comme une "illusion". Selon eux, seuls 300 milliards seraient réellement consacrés à l’aide et aux prêts à faible taux d’intérêt des pays développés.
Lors de la dernière session de discussions dans la nuit du 23 novembre, les pays les moins développés et les petites îles ont menacé de quitter la salle, protestant contre le montant jugé insuffisant et le manque de bonne foi des pays riches.
"Nous avons négocié cet accord pendant trois ans et avons passé plus de deux semaines à Bakou. Nous avons largement eu le temps de parvenir à un consensus. Mais les pays industrialisés n’ont proposé un chiffre qu’à deux jours de la fin de la conférence. Ils agissent toujours ainsi et, par souci du multilatéralisme, nous devons l’accepter", s'est indigné Juan Carlos Monterrey, représentant spécial pour le climat du Panama.
Toutefois, pour éviter un échec, l’Azerbaïdjan, pays hôte, a réussi à faire adopter l’accord par la majorité des participants. Les responsables ont souligné que l’échec de Bakou aurait constitué un recul majeur dans la lutte contre le changement climatique mondial.
Selon Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, bien que l’accord de 300 milliards de dollars par an soit insuffisant, il représente un minimum nécessaire pour avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique.
"Nous devons transformer les engagements pris à la COP-28 en résultats concrets à l’échelle mondiale, afin de protéger la prospérité des populations et de la planète. À la COP-28, le monde s’est mis d’accord pour tripler les énergies renouvelables. À la COP-29, nous avons triplé l’engagement financier pour le climat, et les pays vont encore mobiliser davantage", a-t-il désclaré.
Des avancées timides mais notables
Au-delà de cet accord décevant, la COP-29 n’a pas enregistré de progrès importants sur un autre enjeu crucial: la transition vers des énergies non fossiles. L’engagement pris lors de la COP-28 à Dubaï en 2023 de se débarrasser totalement des combustibles fossiles est resté flou et n’a pas trouvé d’écho auprès des grandes puissances économiques, notamment dans le G20. De plus, le sommet du G20 à Rio de Janeiro, qui se déroulait simultanément, n’a pas inclus cette question dans sa déclaration finale.
L’absence de progrès sur l’élimination des énergies fossiles nourrit les inquiétudes des experts quant à la réalisation des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir.
Malgré tout, la COP-29 a enregistré quelques résultats encourageants. Un des progrès majeurs a été l’accord sur le fonctionnement du marché international du carbone, y compris les transactions entre pays et le mécanisme des crédits carbone, permettant d’établir de nouvelles normes pour ce marché. En dépit des débats sur ce sujet, notamment de la part des ONG environnementales et des organisations représentant les peuples autochtones, il s’agit d’une avancée après des années de discussions stagnantes.
"Le marché international du carbone a toujours été un sujet controversé. Il aura fallu presque une décennie, depuis l’Accord de Paris de 2015, pour parvenir à un consensus sur les règles. C’est une bonne chose, car cela signifie que nous disposerons d’un marché du carbone mondial pleinement opérationnel, et que les pays en développement pourront générer des revenus importants en vendant leurs crédits carbone", a commenté Axel Michaelowa, directeur de la recherche sur les politiques climatiques internationales à l’Université de Zurich.
La COP-29 a également fait progresser la transparence des rapports climatiques, avec la finalisation des outils de suivi dans le cadre de l’Accord de Paris. Un programme de soutien a été lancé pour mettre en œuvre les Plans Nationaux d’Adaptation (NAPs) auprès des pays les moins développés.
De plus, la conférence a renforcé la voix des communautés locales et des peuples autochtones dans l’action climatique, réaffirmant l’importance de l’égalité des sexes et en encourageant l’intégration du genre dans les politiques climatiques. Pour la première fois, la COP-29 a également reconnu la participation des jeunes dans un forum climatique dirigé par des jeunes, soulignant l’inclusivité et la coopération intergénérationnelle dans la lutte contre le changement climatique.