En décembre 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies a désigné le 18 décembre comme Journée internationale des migrants. Cette initiative vise à mettre en lumière les principes de "La Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille", adoptée en 1990.
Une situation mondiale alarmante
Selon le "Rapport sur la migration mondiale de 2024" publié en juillet dernier par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 281 millions de personnes vivaient en 2020 dans un pays autre que celui de leur naissance, soit une augmentation de 128 millions par rapport à 1990. Bien que ces migrants ne représentent que 3,6% de la population mondiale, leurs déplacements montrent que la migration reste une tendance à l’échelle mondiale.
D’après l’OIM, la migration est un phénomène naturel répondant aux besoins socio-économiques des pays et des communautés, tout en jouant un rôle clé dans le développement économique durable. Cependant, face à l’instabilité croissante et aux conflits qui touchent de nombreuses régions du globe, les déplacements forcés et les migrations irrégulières posent des défis humanitaires majeurs.
Les conflits au Soudan, à Gaza ou en Ukraine, ainsi que les crises économiques en Amérique latine, génèrent des flux migratoires d’une ampleur inédite depuis la crise des réfugiés syriens de 2015.
«Près de 123 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer à travers le monde. Ces individus fuient la violence, les exécutions et les conflits dévastateurs, comme ceux qui ravagent le Liban ou Gaza, où un cessez-le-feu, absolument crucial, n'a toujours pas été instauré», alerte Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, sur la gravité de la situation.
Les migrations forcées, souvent effectuées par des voies dangereuses et illégales, mettent en péril la vie des migrants. En 2023, plus de 8.500 d’entre eux ont péri lors de leur parcours, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des routes comme la Méditerranée entre l’Afrique et l’Europe, la Manche entre la France et le Royaume-Uni, ou la jungle du Darién entre le Panama et la Colombie, figurent parmi les itinéraires les plus mortels.
Malgré cela, des signes d’amélioration se profilent, notamment en Syrie. La chute du régime de Bashar Al-Assad, remplacé par Hayat Tahrir al-Sham, pourrait encourager un million de réfugiés syriens à rentrer chez eux dès le premier semestre de 2025, allégeant ainsi la pression sur des pays comme la Turquie, qui accueille depuis 2011 trois millions de Syriens.
Un impact économique significatif
Malgré les défis, les migrants jouent un rôle crucial dans l’économie mondiale. Selon l’OIM, les transferts de fonds des migrants vers leurs pays d’origine ont atteint 831 milliards de dollars en 2022, soit sept fois plus qu’en 2000. Ces sommes soutiennent le développement de nations comme l’Inde (111 milliards de dollars), le Mexique (61 milliards de dollars) et les Philippines (38 milliards de dollars).
Le thème retenu cette année pour la Journée internationale des migrants, «Honorer les contributions et respecter les droits des migrants», met en lumière ces apports.
«Dans un monde marqué par des crises sans fin, l’OIM croit fermement qu’une gestion avisée de la migration est essentielle pour assurer un développement durable et une prospérité commune», a rappelé Ugochi Daniels, Directrice générale adjointe chargée des opérations de l’OIM.
Pour protéger les droits des migrants et maximiser leurs contributions, l’OIM a lancé un appel mondial 2025. L’objectif est de mobiliser des fonds pour soutenir 100 millions de migrants et mettre en œuvre des plans d’action dans 170 pays à travers le monde. Parallèlement, l’ONU exhorte les États à mettre en œuvre le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté en 2018. Ce cadre offre des solutions concrètes pour protéger les droits des migrants tout en optimisant leur impact économique.