Une menace sécuritaire inédite
Les dirigeants de l’UE participent à une réunion informelle au Palais de Christiansborg à Copenhague, au Danemark, le 1er octobre 2025. Photo: Ritzau Scanpix/Thomas Traasdahl/REUTERS |
Alors que le conflit russo-ukrainien se prolonge et se complexifie, plusieurs pays - notamment la Pologne, l’Estonie, le Danemark et la Hongrie - ont récemment fait face à des incidents impliquant des drones non identifiés et des cyberattaques contre des infrastructures sensibles. Face à ces risques croissants, le sommet a consacré l’essentiel de ses échanges aux défis sécuritaires pesant sur l’Europe et à l’urgence de renforcer ses capacités de défense.
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Photo: REUTERS/Piroschka van de Wouw |
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a qualifié la situation de «la plus dangereuse» depuis la Seconde Guerre mondiale, tant sur le plan géopolitique que sur le plan économique.
«Ce ne sont pas seulement des attaques hybrides isolées, mais une guerre hybride en cours en Europe. Cela exige un réarmement. Il faut aussi construire une société européenne plus forte, notamment pour se défendre contre les cyberattaques et les drones. Nous avons justement discuté de la mise en place d’un mur anti-drones, un outil crucial dans ce type de conflit», a-t-elle déclaré.
Ce constat est largement partagé. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a affirmé que l’Europe se trouvait dans un état ni tout à fait de guerre, ni tout à fait de paix. Le président français, Emmanuel Macron, a de son côté reconnu que le conflit en Ukraine avait installé une confrontation permanente entre l’Europe et la Russie. Toutefois, malgré cet accord sur la nature des menaces, les États membres peinent à progresser sur quatre projets clés de défense: le mur anti-drones, la surveillance du flanc oriental, le bouclier antiaérien et la défense spatiale. Sur le dossier du mur anti-drones, sujet brûlant, les négociations butent sur des désaccords budgétaires et des divergences entre la Commission européenne et les principales puissances militaires (France, Allemagne, Italie).
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a relativisé la priorité du projet anti-drones, le jugeant peu réalisable à court terme. Il a appelé à concentrer les efforts sur le développement rapide des technologies et des armements pour maintenir la compétitivité européenne face aux progrès mondiaux.
Compétitivité économique sous pression
Outre la sécurité, la compétitivité économique reste en effet une priorité, dans un contexte stratégique tendu. Lors d’une session dédiée, les dirigeants ont rencontré les représentants des principales industries européennes.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a alerté sur le départ d’entreprises européennes, pénalisées par le coût élevé de l’énergie. Il a appelé à des mesures rapides pour protéger ces entreprises par des aides financières, des réformes réglementaires et la levée d’obstacles, afin de renforcer leur compétitivité.
Pour sa part, Emmanuel Macron a identifié six secteurs clés à soutenir: innovation, technologies quantiques, intelligence artificielle, santé, défense et technologies vertes. Le président français a critiqué le manque de régulations efficaces protégeant les entreprises européennes sur leur marché et dénoncé les inégalités face aux entreprises étrangères.
«L’Europe est le seul endroit au monde à financer des entreprises qui ne sont pas les siennes, à 100% avec l’argent de ses contribuables. Elle impose des règles restrictives à ses propres entreprises tout en négociant la suppression des barrières pour des sociétés étrangères qui appliquent des standards doubles», a-t-il déploré.
Emmanuel Macron a réitéré sa proposition d’une stratégie européenne de production et consommation favorisant prioritairement les entreprises et produits européens, face à des concurrents comme les États-Unis et la Chine, qui disposent de stratégies similaires. Il a insisté sur l’urgence pour l’Europe d’agir afin d’éviter un recul stratégique.