Des signes inquiétants…
La Banque mondiale. Photo: Business Standard |
Les institutions financières estiment que l’économie mondiale est fragilisée par de nombreux facteurs tels que le conflit russo-ukrainien, la montée des tensions en péninsule coréenne et au Moyen-Orient, les mauvaises relations sino-américaines, la décision de l’OPEP + de réduire la production de pétrole brut ou encore le risque d’une recrudescence de la pandémie de Covid-19... Les prévisions de croissance ont du coup été revues à la baisse, suivant en cela la tendance observée dans certaines grandes économies.
En 2028, si rien n’était fait, le niveau d’endettement devrait de nouveau approcher 100% du PIB, soit le niveau atteint durant la pandémie, a alerté le FMI. À l’exception notable des pays de la zone euro, beaucoup de pays développés et émergents accusent une hausse rapide de leur taux d’endettement. C’est notamment le cas de la Chine et des États-Unis, leur ratio d’endettement par rapport à leur PIB devant atteindre respectivement, dans les 5 ans, 100 et 135%: des niveaux jamais observés jusqu’ici pour ces deux pays.
Par ailleurs, le dernier rapport de l’agence de notation Fitch Ratings montre que le taux de défaut des pays a considérablement augmenté ces dernières années. De 2020 au premier trimestre de 2023, 14 situations de défaut différentes ont été observées dans 9 pays (Biélorussie, Liban, Ghana, Sri-Lanka, Zambie, Argentine, Équateur, Suriname et Ukraine). À titre de comparaison, entre 2000 et 2019, seules 19 situations de défaut avaient été enregistrées dans 13 pays différents. En outre, Fitch Ratings note 8 États souverains «CCC+», ce qui marque un risque élevé de défaut.
En ce qui concerne les États-Unis, la plus grande économie mondiale, le déficit budgétaire a grimpé à plus de 1.100 milliards de dollars sur les six premiers mois de l'exercice fiscal 2023, c'est-à-dire d'octobre à mars. Pour ce qui est de l'inflation, bien qu’elle ait tendance à se calmer, elle reste élevée par rapport à l’objectif de la Réserve fédérale qui envisage de continuer de relever les taux d'intérêt. Signe de cette morosité ambiante, l’Indice d’optimisme des petites entreprises a baissé à 90,1 en mars, contre 90,9 en février. C’est le 15e mois consécutif que cet indice est sous sa moyenne de 98 sur 49 ans.
Des efforts, néanmoins…
Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI (droite). Photo: EPA |
Selon Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, l’inflation reste le problème le plus préoccupant. Par conséquent, la stabilité des prix doit prendre le pas sur la stabilité de la politique monétaire des banques centrales, a-t-il estimé, avant de souligner que cette priorité ne devait être inversée qu'en cas de grave crise financière. Le FMI a appelé les pays membres à resserrer leurs politiques monétaires pour faire face à une inflation toujours élevée.
Nombreux sont les experts qui suggèrent que les économies élaborent des scénarios pour faire face aux instabilités géopolitiques généralisées et prolongées. À long terme, les gouvernements doivent mettre en œuvre des solutions pour promouvoir une croissance durable. Les experts ont exhorté les grandes puissances et les institutions multilatérales, notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, à intensifier leurs efforts pour faire baisser les tensions dans les points chauds du monde tels que l’Ukraine, la péninsule coréenne, et le Moyen-Orient, et ce afin de créer un environnement propice au redressement et au développement de l’économie mondiale.