Quelle option pour l’Union européenne ?
Le président des États-Unis, Donald Trump, s’exprime sur les droits de douane à la Maison-Blanche, à Washington, le 2 avril 2025. Photo: REUTERS/Carlos Barria |
D’après les lettres envoyées par Donald Trump, les États-Unis prévoient d’imposer, dès le 1er août, des droits de douane de 30 % sur les produits en provenance de l’Union européenne et du Mexique, et de 35 % sur ceux du Canada, à moins qu’un nouvel accord commercial ne soit trouvé d’ici là. Pour la République de Corée et le Japon, deux alliés clés de Washington en Asie, une taxe de 25 % est annoncée. Quant aux quelque 150 autres pays, principalement de petits États d’Afrique et des Caraïbes, avec lesquels les échanges restent modestes, ils recevront une notification précisant directement les taux appliqués, sans passer par une phase de négociation.
Les récentes décisions de l’administration américaine posent de sérieux défis aux pays et organisations qui cherchent à éviter une guerre commerciale avec la première puissance économique mondiale. Pour l’Union européenne, le nouveau tarif douanier de 30 % annoncé par Washington dépasse même le taux initial de 20 % évoqué par Donald Trump début avril. Selon le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, une telle mesure revient, dans les faits, à suspendre les échanges commerciaux entre les deux blocs. Pour l’heure, l’UE privilégie toujours la voie du dialogue, en reportant jusqu’au 1er août la mise en œuvre de mesures de rétorsion visant l’aluminium et l’acier américains, initialement prévues pour entrer en vigueur le 14 juillet. Mais comme lors du précédent délai de 90 jours accordé par Washington, l’enjeu central pour Bruxelles reste de trancher entre une posture ferme ou une approche plus conciliante dans la phase finale des négociations.
De l’avis de Jacob Kirkegaard, expert à l’Institut Bruegel de Bruxelles (Belgique), l’Union européenne doit adopter une posture plus ferme. Partageant cette opinion, Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Banque commerciale de Hambourg (Allemagne), estime:
«Sur le plan commercial uniquement, je penche pour une position ferme. D’après mes analyses, confirmées par des modèles économiques, les États-Unis risqueraient de subir plus de pertes que l’Union européenne si celle-ci décidait de riposter avec des droits de douane.»
Cependant, certains économistes estiment que les multiples reports des taxes par Donald Trump montrent que le président américain souhaite toujours parvenir à un accord avec l’Union européenne. Selon Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING (Pays-Bas), l’UE pourrait envisager d’acheter davantage de produits américains, notamment du soja, du gaz naturel liquéfié, et surtout des armements, dans un contexte où elle augmente également ses dépenses de défense.
Les impacts des tensions géopolitiques
À la Bourse de Bombay, un écran affiche une image du président américain Donald Trump, à la veille de l’annonce de son projet de droits de douane, à Mumbai, en Inde, le 2 avril 2025. Photo: REUTERS/Francis Mascarenhas |
Dans sa déclaration du 17 juillet, Donald Trump s’est montré confiant quant à la possibilité de conclure prochainement des accords avec plusieurs grands partenaires économiques, dont l’Inde, la quatrième plus grande économie mondiale et le pays le plus peuplé. Cependant, les tensions géopolitiques actuelles risquent de rendre ces négociations commerciales plus incertaines. En début de semaine, le président américain a fixé un ultimatum de 50 jours à la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine, menaçant d’imposer des sanctions sévères à Moscou et à ses alliés économiques si les efforts de paix échouaient.
D’après les observateurs, la Chine et l’Inde restent des partenaires économiques majeurs de la Russie. Si les États-Unis mettent à exécution leur menace d’imposer un droit de douane de 100 % à ces pays dans le but de faire pression indirectement sur Moscou, les avancées récentes des négociations avec l’Inde, ainsi que certains accords déjà signés avec la Chine, pourraient être remis en cause. Pour le Brésil, autre grande économie, la menace d’un tarif de 50 % formulée par Donald Trump est surtout perçue comme étant motivée par des enjeux extra-commerciaux.
Dans le climat actuel, il est peu probable que les différends commerciaux mondiaux soient réglés avant le 1er août.