Khiam, au Liban, après des frappes aériennes israéliennes. Photo: TTXVN |
Selon le président américain Joe Biden, les pourparlers menés séparément avec Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, et Najib Mikati, Premier ministre libanais par intérim, ont conduit à cet accord historique.
Un cadre strict pour désamorcer le conflit
Le cessez-le-feu, effectif le 27 novembre dès 4 heures du matin (heure locale au Liban), impose le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban. Le Hezbollah, de son côté, doit repositionner ses armes lourdes au nord du fleuve Litani, à plus de 25 kilomètres de la frontière israélienne. Pendant une période de transition de 60 jours, l'armée libanaise prendra position dans la zone tampon avec le soutien des forces de maintien de la paix des Nations Unies (FINUL).
Cette phase de 60 jours servira à traiter les différends frontaliers restants. Bien que les États-Unis n'interviennent pas militairement, Washington, en coordination avec Paris et d'autres alliés, s'engage à garantir une mise en œuvre stricte de l’accord. Le président Joe Biden a souligné que ce cessez-le-feu vise à mettre un terme définitif aux hostilités.
"Nous ne laisserons pas ce conflit dégénérer en une nouvelle spirale de violence. Avec le soutien de la France et de nos alliés, les États-Unis s’engagent pleinement à travailler avec Israël et le Liban pour s'assurer que l’accord soit respecté et appliqué sur le terrain", a-t-il déclaré.
La conclusion de ce cessez-le-feu intervient à un moment clé pour Israël, le Hezbollah et le Liban. Le conflit, qui s’était intensifié depuis septembre, a fait un lourd tribut. Selon les autorités sanitaires libanaises, près de 3.800 civils libanais ont perdu la vie, et près d’un million d’habitants ont été déplacés. Le sud du Liban et Beyrouth ont subi d'importants dégâts aux infrastructures.
Côté Hezbollah, les pertes militaires incluent plusieurs commandants de haut rang, ainsi que la destruction de matériels et d’infrastructures stratégiques. Israël déplore plus de 120 victimes et fait face à une pression diplomatique croissante, aggravée par la crise humanitaire à Gaza.
Vers une résolution à Gaza?
L'acceptation par le gouvernement de Benjamin Netanyahu du cessez-le-feu avec le Hezbollah, malgré des critiques internes, reflète une réponse à une situation diplomatique défavorable. L’escalade du conflit à Gaza et son extension au Liban ont exacerbé la crise humanitaire, isolant davantage Israël sur la scène internationale. Selon Jonathan Lord, directeur du Programme de sécurité au Moyen-Orient au CNAS (Center for a New American Security), bien que l'armée israélienne ait infligé de lourdes pertes au Hamas et au Hezbollah, les gains tactiques sont de plus en plus éclipsés par l'atteinte à la réputation d'Israël et par son isolement diplomatique croissant.
"Israël se trouve dans une position stratégique très fragile. Les gains de l’opération à Gaza s’amenuisent. Si le conflit continue, il risque de provoquer des drames humanitaires supplémentaires. Les souffrances des 2,1 millions de civils palestiniens isoleront encore davantage Israël sur la scène internationale", a-t-il déclaré.
Bien que cet accord ne règle pas directement la situation à Gaza, il ouvre des perspectives. Le président français Emmanuel Macron a insisté sur l’urgence de parvenir à une trêve dans l’enclave palestinienne.
"Cet accord doit ouvrir la voie à un cessez-le-feu trop longtemps attendu face aux souffrances, sans commune mesure, de la population de Gaza. L’accord signé montre la voie d’un courage politique qui peut donner au Moyen-Orient la paix et la sécurité sur le long terme", a-t-il dit.
Pour les analystes, ce cessez-le-feu représente une étape importante. Le fait qu'aucune condition préalable concernant Gaza n'ait été imposée par le Hezbollah, une exigence autrefois incontournable, reflète des concessions significatives de sa part et de celle de son allié, le Hamas. Toutefois, la réussite de cet accord dépendra de la volonté des parties à transformer cette trêve fragile en une paix durable.