Photo: Vietnam+ |
Dans une salle spacieuse, les élèves sont totalement absorbés par la création de dessins et d'animaux en papier, dans une atmosphère studieuse et enthousiaste. Leurs mains agiles découpent et assemblent des motifs en papier avec une grande précision. À première vue, il serait bien difficile de déceler chez eux des handicaps physiques.
À 29 ans, Lê Trang, qui souffre d’une déficience intellectuelle depuis la naissance, rencontre des difficultés en communication. Elle fait par contre preuve d’une grande agilité lorsqu'elle travaille avec des rouleaux de papier coloré.
«C'est très agréable ici. C'est comme notre chez nous ! Mme Hoa m’apporte énormément d’aide, je l’aime beaucoup !», nous confie-t-elle.
Tout comme Lê Trang, Lan Anh vit avec une déficience intellectuelle. Elle a intégré le centre à l'âge de 16 ans, depuis plus de 9 ans. En raison de sa timidité envers les étrangers, elle éprouve des difficultés à s'exprimer clairement. Cependant, dès qu'elle entend «Mme Hoa», ses yeux se mettent à briller…
C’est à l’occasion d'une mission humanitaire menée avec l’antenne de la Croix-Rouge de Hanoï que Doàn Thi Hoa a pris conscience du besoin qu’ont les jeunes handicapés d’apprendre un métier.
«J'étais profondément troublée… Je me suis demandée pourquoi ces personnes handicapées ne pouvaient pas réaliser leurs rêves», nous reconte-t-elle.
Doàn Thi Hoa. Photo: Vietnam+ |
C’est ainsi qu’en 2007, le Centre de formation professionnelle Quynh Hoa a été fondé. Au début, Doàn Thi Hoa ne disposait que de 10 machines à coudre pour enseigner la couture. Petit à petit, elle s’est orientée vers l'artisanat du papier, qui est particulièrement adapté à la condition physique des handicapés, qui peuvent suivre, même si leur progression est parfois lente.
Les jeunes que Doàn Thi Hoa prend sous son aile font face non seulement à des handicaps physiques, mais également, pour certains d’entre eux, à des déficiences intellectuelles ou à des troubles de la mémoire. Pour elle, le principal défi réside dans la patience et la persévérance.
«Enseigner à des personnes ordinaires est déjà un défi, mais enseigner à des personnes en situation de handicap est cent fois plus difficile. Il faut une persévérance exceptionnelle. Seuls ceux qui sont passionnés peuvent enseigner efficacement aux personnes handicapées. Sans passion, cela semble impossible», nous confie-t-elle.
Quant à trouver un emploi stable…
«C'est une réelle difficulté, pour les personnes handicapées. Beaucoup peinent à obtenir un emploi stable. J'espère que notre gouvernement mettra en place des politiques spécifiques de soutien aux handicapés», ajoute Doàn Thi Hoa.
Le dévouement dont a su faire preuve Doàn Thi Hoa a conduit beaucoup de parents de jeunes handicapés à se tourner vers le Centre Quynh Hoa.
«Ce qui m'a le plus marqué, c'est lorsque Madame Hoa a décidé de vendre tous ses cochons pour financer son centre», a fait remarqué une personne.
«J'ai observé un véritable progrès. D'une part, ils ont intégré une certaine discipline dans leurs routines quotidiennes. D'autre part, leur bien-être est soigneusement préservé, avec un accompagnement attentif pour les aider à créer des produits», a dit une autre.
Outre l'enseignement professionnel, Doàn Thi Hoa a instauré un cadre de vie et d'étude favorisant la confiance des personnes handicapées. Mieux encore, elle a joué le rôle de marieuse pour 23 couples au sein du centre.
«Dans notre centre, les membres trouvent des amis, un emploi et des moments de divertissement, ce qui explique pourquoi nous avons déjà formé 23 couples mariés. Certains couples sont constitués de deux garçons, d’autres de deux filles, et d’autres encore d’une fille et d’un garçon. Ils se distinguent à plusieurs égards: ils sont beaux, intelligents et excellents dans leurs études», nous explique Doàn Thi Hoa.
En plus de 17 ans, plus de 500 élèves ont été formés et élevés dans cette atmosphère chaleureuse. La simple évocation de Madame Hoa équivaut pour eux à celle d’une véritable mère…