(VOVworld)- Depuis quelques années déjà, des enfants en situation difficile de l’arrondissement de Hoang Mai, à Hanoï, se donnent rendez-vous trois fois par semaine à la maison culturelle de l’arrondissement. Ils y vont non pas pour s’amuser, mais pour suivre des cours d’instruction générale spécialement conçus pour eux. Eux, ce sont pour la plupart des enfants handicapés ou victimes de l’agent orange.
Pas de son de tambour pour annoncer l’entrée des classes, mais à 8h pile, tous les lundis, mardis et jeudis, les élèves de la classe du coeur de Hoang Mai sont présents pour une nouvelle journée d’étude. 15 élèves se répartissent sur 8 ensembles de tables et de bancs qui leur ont été offerts par le comité populaire de l’arrondissement. L’enseignante Nguyen Thi Côi, qui s’occupe de ces enfants, a été directrice de l’école primaire Hoang Van Thu. Aussitôt après avoir appris l’ouverture de cette classe du coeur à l’intention des enfants en difficulté, elle a proposé d’y contribuer. Il lui est même arrivé de dépenser son propre argent pour acheter des livres et des cahiers à ses élèves les plus démunis. “J’ai voulu leur donner cours simplement parce que j’aime les élèves. Je pense que la société se soucie de leur sort mais qu’il y a peu de personnes pour s’occuper d’eux directement. Quant à moi, j’ai à la fois le savoir-faire et l’empathie pour les élèves que je considère comme mes propres enfants. C’est donc avec enthousiasme que je donne mes cours et mon aide, sans me soucier de questions économiques et autres.”, dit-elle.
Depuis une vingtaine d’années que Nguyen Thi Coi dispense ses connaissances aux enfants défavorisés, plusieurs générations d’élèves ont bénéficié de sa bienveillance. Il lui est arrivé d’enseigner à trois frères d’une même famille. En fait, les élèves de sa classe sont de différents âges, niveaux et situations. Certains sont autistes, d’autres souffrent de malformations congénitales, parfois dûes à l’agent orange. 12 des 15 élèves souffrent de déficience mentale, les 3 autres sont en difficultés économiques majeures. On peut aisément imaginer combien d’efforts et de temps Nguyen Thi Côi a dû consacrer à ses élèves particuliers. Pham Duy Long, 22 ans, est au niveau d’un élève de 4è année du primaire. Pour ce déficient mental, communiquer avec les autres est difficile, mais il adore qu’on parle avec lui: “Je suis vraiment épaté. Ici je me suis fait de nombreux amis. J’habite avec mes grand-parents maternels, et c’est mon grand-père qui a fait les démarches pour que je puisse suivre ces cours. J’ai appris à lire, à écrire, à faire des calculs. Maintenant je suis capable de faire des multiplications avec des nombres à deux chiffres et de répondre à des devinettes.”
Mais l’instruction générale n’est pas la seule chose que Long et ses amis apprennent à cette classe particulière. Mme Côi leur apprend aussi la gymnastique et les promène au parc. Ces activités en plein air les aident à mieux comprendre leur environnement et donc à mieux l’intégrer. Avant, la plupart des élèves étaient repliés sur eux-mêmes ou avaient un comportement aggressif. Mais depuis qu’ils fréquentent cette classe, ils ont appris les règles élémentaires de la politesse. Ils savent maintenant dire bonjour à ceux qu’ils rencontrent, même si la prononciation n’est pas toujours parfaite. Une mère qui a son enfant dans cette classe confie qu’elle n’attendait pas plus: “Grâce à Mme Côi, les enfants ont plus de connaissances maintenant. Les jours où mon enfant ne peut pas y aller, il pleure beaucoup. Bien qu’elle soit à la retraite, elle ne ménage aucun effort pour enseigner à ces enfants. La plupart d’entre eux souffrent de déficience mentale, mais grâce à elle, ils savent maintenant faire des mathématiques, connaissant par coeur leurs tables de multiplication. Tout ce que je souhaite, c’est que mon enfant puisse apprendre à lire, à écrire et à communiquer avec les autres.”
Derrière les progrès quotidiens des élèves, il y a les soins de leurs parents, le dévouement de l’enseignante Nguyen Thi Coi et l’assistance des autorités de l’arrondissement de Hoang Mai. Sortis de cette classe, certains élèves démunis ont pu intégrer des écoles de formation professionnelle pour devenir des ouvriers, d’autres, déficients mentaux, ont pu apprendre un métier artisanal pour pouvoir se nourrir eux-mêmes. Pour chacun des élèves, les deux heures passées en classe sont deux heures de joie et d’amour.
Le Phuong