Des membres de Sao Va | Photo: VOV |
LVT, 30 ans, habite le village de Tuc Pang, rattaché à Quê Phong. Il est devenu toxicomane à l'âge de 19 ans alors qu'il travaillait comme ouvrier dans la province de Dông Nai (Sud). Récemment, sa santé s'est détériorée avec l’apparition de plusieurs symptômes inquiétants, tels que toux, difficulté respiratoire et hyporexie, le contraignant à retourner dans son village natal. Avec l'aide des pairs navigateurs de Sao Va, il a pu effectuer un test VIH. Le résultat a révélé que LVT est atteint à la fois du VIH et de la tuberculose. Après un traitement, sa santé s'est améliorée.
Créé en 2021, le groupe Sao Va pour mandat de faciliter l’accès des porteurs du VIH aux traitements nécessaires et d’accompagner leur réinsertion sociale. Ses membres sont appelés les pairs navigateurs, qui sont eux-aussi séropositifs. Ilssont prêts à affronter les zones montagneuses les plus accidentées pour rencontrer les personnes dans le besoin. Leur devise est claire : "Dès que je sais, je vous aidedans toutes les circonstances."
Lô Thanh Nhât figure parmi les membres les plus actifs de Sao Va. Chaque jour, il prend sa moto pour aller de village en village, et ne rentre jamais avant la tombée de la nuit. Nhât partage ouvertement son passé de toxicomane et sa contamination par le VIH. Il a traversé les chapitres les plus sombres de sa vie, entre discrimination et désespoir. Cependant, depuis qu’il suivait un traitement à la méthadone et aux antirétroviraux (ARV), son état de santé, physique et mental, s’est nettement amélioré.
Désireux se réintégrer dans la société, Nhât a rejoint Sao Va pour apporter son aide aux personnes dans la situation similaire. Chaque fois qu'il réussit à convaincre quelqu’un de se faire dépister ou de se faire soigner au centre médical du district, Nhât ressent une grande satisfaction, car le taux de mortalité lié au VIH est réduit. "Notre stratégie consiste à encourager les bénéficiaires à nous aider à repérer d'autres personnes à risque dans leur entourage. C’est beaucoup plus efficace", explique Nhât.
Anciens toxicomanes et étant séropositifs eux-aussi, les pairs navigateurs de Sao Va comprennent mieux que quiconque les souffrances des personnes vivant avec le VIH. Ils savent comment leur persuader d’utiliser des médicaments ou des préservatifspour protéger les autres et soi-même.
"L'essentiel est d'établir un lien proche avec eux. Il y a une femme qui m'appellequand elle a un problème.Par exemple, si elle est trop fatiguée pour aller chercher ses médicaments, elle me demande de l’aider. Elle peut me raconter de tout. Je me sens concernée, car j'ai vécu la même chose, donc je suis heureuse de lui apporter un coup de main", raconte Lô Thi Loan, la seule femme du groupe.
"J’ai été toxicomane.J'ai arrêté en prenant de la méthadone. Je partage mon histoire pour sensibiliser les autres. Beaucoup de gens sont difficiles à atteindre, donc je commence par ceux qui sont plus facilement accessibles. Je leur explique l'importance de la méthadone pour les toxicomanes, ils comprennent, et ils en parlent dans leur entourage", partage Ngân Văn Un, un autre membre du groupe.
Lang Chung Hiên, du service de la Démographie du centre médical de Quê Phong, est le chef de Sao Va. "Actuellement, nous nous focalisons sur deux zones situées au Sud-Ouest et au Nord-Ouest du district. Nous souhaitons étendre nos activités aussi largement que possible. Bien que le nombre des hauts lieux de la toxicomanie ait progressivement diminué, les toxicomanes sont là et ont besoin des soutiens. Nous faisons de notre mieux pour les aider, en veillant également à ceux qui sont à risque et à leur famille", dit-il.
Des pairs de Sao Va sensibilisent à la prévention du VIH et de la tuberculose. Photo: VOV |
À son tour, Sao Va est activement soutenu par le Centre pour l'innovation et le développement communautaire (SCDI). "Il est difficile de créer un réseau comme Sao Va.Il est beaucoup plus dur de le maintenir en activité durablement. De notre côté, nous mobilisons différentes ressources disponibles pour aider Sao Va. En plus des financements du Fonds mondial de lutte contre le VIH, nous sollicitons également l'aide du Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, ainsi que du Fonds pour la protection future”, précise Nguyên Thi Duyên, responsable de projet au sein du SCDI.
En près de 3 ans d’existence, Sao Va a permis à des centaines de personnes d'accéder aux médicaments, mais aussi aux connaissances sur la transmission, les moyens de prévention et les modalités de traitement. Le groupe sensibilise également la population aux dangers du sida et de la discrimination envers les séropositifs.