L’art de faire sonner le gong : une question de transmission

Cong Bac
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(VOV)- Le développement socio-économique a parfois tendance à bousculer les valeurs traditionnelles. C’est notamment vrai dans de nombreux villages du Tay Nguyen dont beaucoup d’aspects culturels semblent voués à la disparition. C’était inéluctable, me direz-vous. Et pourtant...
(VOV)-Le développement socio-économique a parfois tendance à bousculer les valeurs traditionnelles. C’est notamment vrai dans de nombreux villages du Tay Nguyen dont beaucoup d’aspects culturels semblent voués à la disparition. C’était inéluctable, me direz-vous. Et pourtant... Certains villages refusent de se plier à la fatalité. C’est par exemple le cas de Mo H’ra, un village rattaché à la commune de To Tung et au district de K’bang, dans lequel les gongs des Banars continuent à résonner comme un défi au temps qui passe. Mieux encore, l’art de faire sonner le gong s’y transmet toujours, de l’aîné au puîné : signe d’une vitalité retrouvée.

L’art de faire sonner le gong : une question de transmission - ảnh 1

Photo : unescovietnam.vn


Nous sommes dans la maison communale du village de Mo H’ra, au beau milieu d’une fête. L’ambiance est électrique, avec tout juste ce qu’il faut de gaieté rustique pour nous rappeler que nous nous trouvons bel et bien sur les hauts plateaux du Tay Nguyen, et que ceux-ci n’ont finalement pas tellement changé, malgré la modernité ambiante qui fait tout plier sur son passage. Les villageois arborent leurs costumes traditionnels et palabrent avec entrain, comme pour oublier les tourments de la vie quotidienne. Et pour ce qui est de la musique de fond : chants folkloriques, gongs et koni - une sorte de cithare locale. Voilà donc le décor planté !   

D’abord, ce sont les aînés qui entonnent des chants traditionnels. Et puis, après quelques pièces de musique traditionnelle, un roulement de tambour, un brin solennel : c’est le moment pour les jeunes sonneurs de gong du village de se réunir. Ils sont près de 40, tous en costumes traditionnels. Les plus jeunes, pour ne pas dire les plus petits, peuvent avoir 6 ou 7 ans, et les plus âgés, 16 ou 17 ans. Apparemment, faire sonner le gong est une affaire d’homme : seuls les garçons s’y essaient. Les jeunes filles, elles, se réservent les chants et les danses. Le petit Dinh Lo a 7 ans. Il est le plus jeune de tous les sonneurs de gong. "J’aime bien les gongs ! J’aimerais vraiment apprendre à bien les faire sonner !" A-t-il fait savoir.

L’art de faire sonner le gong : une question de transmission - ảnh 2

Photo : cuocsongviet.vn

C’est un certain Dinh Tran qui dirige l’ensemble et qui apprend donc aux jeunes l’art de faire sonner le gong. Ça fait déjà 5 ans qu’il se consacre à cette tâche, bénévolement, sans en attendre d’autre récompense que de voir perdurer cet art traditionnel des Banars et de ressentir un enthousiasme grandissant chez les jeunes, lesquels ont déjà accompli des progrès remarquables. Dinh Tran indique :  "Les jeunes ont fait des progrès remarquables ! Maintenant, ils sont capables, par exemple, d’accompagner la cérémonie de sacrifice du buffle ou la célébration de la récolte. Mais surtout, ils ont conscience de faire oeuvre de préservation. Avec tout ça, j’espère vraiment que l’art de faire sonner le gong va se développer de plus en plus."    

Aujourd’hui, les jeunes répètent pour la cérémonie de sacrifice du buffle qui aura lieu bientôt au chef-lieu du district. Les gongs résonnent en ponctuant le pas cadencé de la danse qui s’accélère insensiblement sous l’oeil vigilant des aînés.  

Peut-être faudrait-il être un ethnomusicologue chevronné pour pouvoir apprécier toute la subtilité des gongs ! En fait, ce qui en impose, ici, c’est l’enthousiasme avec lequel les aînés transmettent leur savoir aux plus jeunes, et l’ardeur dont ceux-ci font preuve dans leur pratique. L’espace culturel des gongs du Tay Nguyen a été inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel et oral de l’humanité, mais cela ne l’assimile en rien à des pièces de musée. « Au contraire ! », semblent nous dire les sonneurs de gong de Mo H’ra, jeunes et vieux réunis.

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