Le hameau de Hụm jouit d’une position géographique plutôt favorable. Il a été choisi l’an dernier par les autorités provinciales pour servir de terrain d’essai au développement du tourisme communautaire. Ses habitants, des Thai pour l’immense majorité d’entre eux, ont donc opéré une reconversion inattendue mais sans aucun doute bénéfique si l’on en juge par les progrès réalisés en si peu de temps, notamment en matière de lutte contre la pauvreté. Lù Thị Chiện, qui est membre de l’union des femmes du hameau, nous a confié qu’au départ, elle était plutôt sceptique à l’idée de se lancer dans le tourisme: beaucoup plus ardu que les travaux agricole, pensait-elle, à l’instar, d’ailleurs, d’à peu près tous les habitants du hameau. Et puis, necessité faisant loi, elle s’y est mise…    

Autant le dire tout de suite, elle ne lui aura pas fallu beaucoup de temps pour se persuader du bien-fondé du développement touristique! Il faut dire que le hameau de Hụm s’y prête à merveille. Les Thai qui y vivent présentent une richesse culturelle qui ne demande qu’à être mise en valeur. Une gastronomie incomparable, des coutumes ancestrales, des festivités populaires… Que demander de plus? Très vite, une troisième troupe artistique est venue renforcer les deux qui existaient déjà, et désormais, les touristes de passage à Hụm ont droit à des soirées de chants et de danses. Et dans la journée, ils peuvent vivre au rythme des Thai, s’initier à la culture sur brûlis, à la pêche, au tissage et à la cuisine: autant d’activités qui façonnent véritablement une culture.    

«Question gastronomie, le hameau de Hụm a plusieurs spécialités très appréciées des touristes: le riz gluant coloré, le riz cuit dans des tubes de bambou, le poisson épicé et grillé, le bouillon de peau de buffle et le poulet aux épices spéciaux», nous révèle Quàng Văn Khổ, le chef-adjoint du comité de pilotage du développement du tourisme communautaire du hameau de Hụm.

Pour aider les habitants du hameau à se professionnaliser, le service provincial de la culture, des sports et du tourisme organise régulièrement des cours de formation.  Quàng Văn Phóng, qui est le chef du hameau, constate une nette évolution des mentalités chez les habitants de Hụm pour qui le mot «hygiène» se traduit désormais par des gestes concrets et par une attention de tous les instants apportée à l’environnement. Les organisations de masse et les cadres de la commune réunissent une fois par mois les habitants du hameau pour les tenir au fait des objectifs de la nouvelle ruralité. Nouvelle ruralité, qui, une fois n’est pas coutume, ne rime pas forcément avec développement de l’agriculture: à Hụm, il s’agit de miser sur la culture ethnique traditionnelle comme facteur d’expansion, tant sur le plan économique, d’ailleurs, que sur le plan spirituel. En remettant au goût du jour leur artisanat traditionnel et leur folklore, les Thai redécouvrent les valeurs profondes qui sont les leurs et les font partager au plus grand nombre. Concrètement, ça se traduit par des maisons sur pilotis qui essaiment dans tout le hameau, par des airs folkloriques qui résonnent à la cantonnade, par des brocatelles qui viennent égayer les costumes… L’objectif est simple: à plus ou moins court terme, tous les foyers du hameau devront s’être mis au tourisme communautaire.

Cette éclosion touristique apporte beaucoup de bénéfices aux habitants du hameau, nous explique Quàng Văn Phóng. Le comité de pilotage du développement touristique du hameau projette d’organiser fin 2013 et début 2014 des cours de formation sur la vannerie, le tissage des brocatelles, les chants, les danses, les jeux et les festivités des Thai.

Le hameau de Hụm a déjà accueilli une bonne vingtaine de groupes de touristes, dont des sud-coréens, des japonais, des australiens et des polonais. Le tourisme communautaire, donc… Une autre facette de la nouvelle ruralité, qui décidément, est synonyme de mise en valeur par l’initiative: mise en valeur des terres et des hommes qui y vivent…