Traduction : la clé vers l’intégration littéraire

Hoa Ha
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(VOVworld) - La littérature vietnamienne a connu ces dernières décennies une grande évolution avec l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs doués d’une forte personnalité et d’un ardent désir de s’exprimer. Mais comment faire connaître ce nouveau courant à l’étranger et lui donner toute la place qu’il mérite ?
(VOVworld) - La littérature vietnamienne a connu ces dernières décennies une grande évolution avec l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs doués d’une forte personnalité et d’un ardent désir de s’exprimer. Mais comment faire connaître ce nouveau courant à l’étranger et lui donner toute la place qu’il mérite ? C'est à cette question que Doàn Câm Thi, docteur en littérature française à l’université Paris Diderot, a tenté de répondre au cours de la conférence qu’elle a donnée fin avril à l’Institut français de Hanoi, conférence sur « Le roman vietnamien à l’épreuve de la mondialisation ».

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Photo : internet

70% des Vietnamiens d’aujourd’hui ont grandi après la guerre, à l’heure de la globalisation. Poussée par un désir de recherche et de création, cette génération de l’après-guerre qui a su apporter un nouveau souffle à la littérature. Saisissant la balle au bond, Doàn Câm Thi a créé aux éditions Riveneuve une collection de « Littérature vietnamienne contemporaine ». 

La France est un pays cosmopolite. De 1980 à 2009, environ 130 œuvres littéraires vietnamiennes ont été traduites en français. L’art, et notamment la littérature, est la clé vers la découverte d’une autre nation. Les investissements dans la promotion littéraire sont donc une nécessité, au même titre que les investissements économiques.    

Avant la création de cette collection, la lauréate du prix « Le mot d’or de la traduction 2005 » a participé à la traduction de « L’embarcadère des femmes sans mari » de Duong Huong et édité un recueil de nouvelles intitulé « Au rez-de-chaussé du paradis » présentant 14 auteurs vietnamiens contemporains.

Nous voulions présenter pour la première fois à la communauté francophone cette nouvelle littérature vietnamienne, qui est écrite par des gens nés après la guerre ou avant la fin de la guerre mais qui n’y ont pas du tout participé. Pour moi, la participation, ou non, à la lutte pour l’indépendance du pays est ce qui différencie les générations d’écrivains vienamiens entre elles. Mais je me suis vite aperçue que pour établir une stratégie, nous avions besoin d’une collection qui présente non seulement les auteurs mais aussi tout ce nouveau courant de la littérature.

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Pour faire connaître la littérature vietnamienne au monde, une seule solution : la traduction.   

La traduction joue un rôle essentiel dans la promotion de la littérature. En traduisant en français des romans vietnamiens, nous espérons bien que ça ne s’arrêtera pas là. Le français est une langue intermédiaire qui peut servir de pont entre la littérature vietnamienne et la littérature mondiale. En tout cas, la traduction donne à l’œuvre originale une nouvelle vie.

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Un travail nécessaire, donc, mais ardu. En un peu plus de 2 ans, Doàn Câm Thi et son équipe de traducteurs ont publié 12 livres. 2 autres seront présentés à la fin de l’année, fruits d’un labeur acharné.  

La traduction littéraire est un travail difficile. certains jours, il nous arrive de ne traduire qu’une demie page. Et en plus, il y a le travail de promotion. Il faut sans cesse aller à la rencontre de nouveaux lecteurs pour leur faire découvrir tous ces auteurs qui leur sont inconnus. Mais petit à petit, notre travail donne ses fruits. Les romans vietnamiens que nous avons traduits ont été présentés dans des lieux prestigieux, dans des festivals... Nous avons même organisé une conférence de 3 jours… Pas question pour autant de nous endormir sur nos lauriers, ce ne sont que des encouragements à poursuivre sur notre lancée.    

Pour ce qui est de la sélection des auteurs, Doàn Câm Thi assume volontiers une certaine forme de subjectivisme, inévitable selon elle.   

Nous avons deux critères pour sélectionner les romans à traduire : un contenu tout frais, reflétant un Vietnam contemporain, et une nouvelle manière d’écrire. Aucun choix n’est totalement objectif. Bien sûr, je fais en sorte de sélectionner des écrivains dignes d’intérêt !... Cela étant, il en reste beaucoup d’autres, qui serait intéressants à présenter, mais dont les oeuvres sont vraiment trop difficiles à traduire, ou pour lesquels il est trop difficile de trouver un traducteur !...    

La collection dirigée par Doàn Câm Thi se concentre sur le roman : un genre littéraire qui a su rester en vogue, aussi bien au Vietnam qu’en France. Seul le roman peut satisfaire le désir de création et permettre à l’auteur de restituer une société dans toute sa complexité.    

Personne ne peut se mettre à la place des lecteurs, et c’est tant mieux ! Il faut toujours laisser une porte ouverte. Si les traductions étaient ciblées, leur portée serait des plus limitées. De toute façon, il n’y a aucune formule arithmétique qui vaille dans ce domaine. C’est justement ce qui fait que ça reste de l’art !...     

Au contact des autres sociétés qu’ils ont été amenés à côtoyer, les auteurs vietnamiens contemporains, d’abord centrés sur des perceptions socio-politiques, explorent désormais la pluralité des voies de l’écriture. Force est de constater que la traduction pourrait les aider à poursuivre leur développement et que la collection « Littérature vietnamienne contemporaine » a le mérite de les aider à le faire.

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