"Tout est dans le détail"

Hoa Ha
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(VOVworld) - Tran Anh Hung est un homme doux. Le non-dit occupe une place de choix dans ses longs-métrages à la réalisation aussi méticuleuse que raffinée. De passage au Vietnam au début du mois de septembre pour l’avant-première de son nouveau film, «Eternité», le cinéaste nous parle d’abord de sa sensibilité aux petites choses et aux moindres gestes, que l’on a beaucoup appréciée dans sa trilogie vietnamienne.

(VOVworld) - Tran Anh Hung est un homme doux. Le non-dit occupe une place de choix dans ses longs-métrages à la réalisation aussi méticuleuse que raffinée. De passage au Vietnam au début du mois de septembre pour l’avant-première de son nouveau film, «Eternité», le cinéaste nous parle d’abord de sa sensibilité aux petites choses et aux moindres gestes, que l’on a beaucoup appréciée dans sa trilogie vietnamienne.

"Tout est dans le détail" - ảnh 1

 

Tran Anh Hung : Je pense que tout est dans le détail. Donc c’est important qu’on soit sensible à tout ça, parce que mon regard sur le Vietnam, c’est évidemment un regard très personnel. Je ne fais presque pas de films documentaires, ça c’est quelque chose que j’évite. Je cherche toujours à montrer aux spectateurs ce que le Vietnam me suggère, comment je suis touché par le Vietnam, et ça, c’est quelque chose de très personnel.

VOVworld : Et le langage du corps? C’est avec le langage du corps que vous aimez raconter vos histoires?

Tran Anh Hung : Oui, tout à fait, le langage du corps est important, parce que le cinéma, c’est l’art de l’incarnation. On a des idées, on les incarne dans des acteurs. Les acteurs prennent en charge cette part de chair et de sang. C’est pour ça qu’il est important de les voir bouger d’une certaine manière, qu’ils ne soient pas juste des visages bons à délivrer les messages à travers le dialogue. Donc c’est important que le corps exprime les idées, mais surtout, la sensualité même des personnages.

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Photo : D Repubblica

VOVworld : Pourquoi un film français cette fois-ci ?

Tran Anh Hung : C’est un hasard. Je ne choisis pas vraiment mes sujets mais je dis toujours que ce sont les sujets qui me choisissent. Si par hasard je tombe sur un sujet qui me touche à ce moment-là, je le fais. Ce n’est pas intentionnel pour moi d’avoir attendu pour faire un film français, c’est simplement qu’il n’y avait pas de sujet qui m’apparaissaient évidents. Et là, récemment il y a cinq ans, j’ai lu un livre qui est celui d’Alice Ferney, «L’élégance des veuves», un livre qui m’a ému jusqu’aux larmes. C’est pour ça que je voulais vraiment en faire un film. En plus de l’émotion, le livre m’a suggéré une forme cinématographique très intéressante, un véritable pari pour moi, puisse que ce que j'ai fait dans ce film, je ne l'avais fait encore dans aucun de mes films, c'est une manière de travailler qui est excessivement nouvelle pour moi. Et c’est pour ça que je l’ai fait.

VOVworld : Eternité est une histoire familiale avec des figures féminines… Pourrait-on faire référence à «A la verticale de l’été» ?

Tran Anh Hung : Evidemment il y a trois femmes dans ce film aussi, mais la nature, ce qui est dit dans le film, c'est totalement différents d’«A la verticale de l’été». C’est un film sur la généalogie, sur le temps qui passe, et sur cette idée d’éternité. Ici dans ce film, cette notion est d’une très grande simplicité. Montherlant a dit : «L’éternité est l’anagramme d’étreint». C’est une très très belle phrase, parce que finalement, quand un homme et une femme se rencontrent, s’aiment et s’étreignent, eh bien il y a des enfants qui viennent au monde, et c’est ça qui assure l’éternité. Et donc quelque part dans ce film, c’est cette idée de la généalogie, d’une génération à l’autre. Les enfants viennent au monde, grandissent et se marient… et ont des enfants à leur tour, et cette simple comptabilité des âmes qui arrivent sur terre et qui disparaissent, provoque une émotion très particulière. Et c’est cette émotion-là que je voulais apporter aux spectateurs.

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Photo : D Repubblica

VOVworld : Vous avez fait des films sur le Vietnam, sur le Japon, et maintenant un film français. Est-il difficile de restituer l’identité culturelle de chaque pays ?

Tran Anh Hung : Evidemment il y a des comportements qui sont spécifiques à chaque pays, ça je le respecte. Mais ce qui est important pour moi, c’est le langage cinématographique, c’est une langue en soi, c’est une nation en soi. Il y a tout un système de code et d’expressivité qui appartiennent à ce langage spécifique qui est le cinéma. Et donc je me contente de bien parler le langage du cinéma. Et si dans le film les personnages parlent japonais, eh bien, il y aura une identité japonaise.  

VOVworld : Six films en plus de vingt ans !  Peut-on dire que vous êtes sélectif ?

Tran Anh Hung : Non, je ne dirai pas ça. J’aurais aimé faire un film tous les deux ans, le problème c’est que ce n’est pas si simple de monter un film, ça prend beaucoup, beaucoup de temps. Et je regrette, parce que j’aurais aimé faire davantage de films.

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