Bat Trang : quand les jeunes ne veulent plus perpétuer le métier ancestral

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(VOVworld) - Actuellement, beaucoup d’artisans ne souhaitent pas voir leurs enfants leur succéder, estimant sans doute qu’un meilleur avenir les attend ailleurs. Ainsi donc, la transmission, qui est l’un des facteurs-clé de l’artisanat traditionnel au Vietnam, n’est plus l’évidence qu’elle n’avait cessé d’être jusqu’à présent. C’est notamment le cas à Bat Trang, près de Hanoi, où nous nous sommes rendus pour mieux nous faire comprendre ce phénomène.  
(VOVworld) - Actuellement, beaucoup d’artisans ne souhaitent pas voir leurs enfants leur succéder, estimant sans doute qu’un meilleur avenir les attend ailleurs. Ainsi donc, la transmission, qui est l’un des facteurs-clé de l’artisanat traditionnel au Vietnam, n’est plus l’évidence qu’elle n’avait cessé d’être jusqu’à présent. C’est notamment le cas à Bat Trang, près de Hanoi, où nous nous sommes rendus pour mieux nous faire comprendre ce phénomène.  

 

Bat Trang : quand les jeunes ne veulent plus perpétuer le métier ancestral - ảnh 1

 

 La cloche de la maison communale de Bat Trang retentit, et ce depuis mille ans, depuis que le village existe et porte haut les couleurs de la céramique vietnamienne. Un peu plus loin, en face du marché, on trouve un grand magasin de céramique. Le patron, un certain Vũ Đức Thắng essuie laborieusement les objets qui occupent la devanture. Il se sent un peu seul. Ses enfants ne lui succèderont pas, il le sait déjà. Ils ont tous les deux achevé leurs études universitaires et se sont ensuite orienté vers des domaines qui les ont définitivement éloignés de l’artisanat paternel.Vũ Đức Thắng confie : « En grandissant ici, avec moi, mes enfants ont pu voir à quel point le métier de céramiste peut être pénible. Moi-même, lorsque j’étais jeune, je m’étais juré de ne jamais succéder à mes parents !... Je trouvais que c’était un métier dur, qui ne rapportait que de faibles revenus… Après mon service militaire, j’ai moi aussi décidé de faire des études pour tenter d’échapper à ce que je considérais un peu comme une malédiction familiale. »


Bat Trang : quand les jeunes ne veulent plus perpétuer le métier ancestral - ảnh 2

Avec fierté, Vũ Đức Thắng nous raconte que son fils Vũ Khánh Tùng, qui a terminé ses études à l’université Đông Đô, travaille actuellement pour le magazine de beauté « Đẹp » et offre chaque année des voyages à ses parents grâce à son bon salaire. Tout en buvant du thé, Vũ Đức Thắng nous confie qu’il respecte et comprend le choix de ses enfants. Si c’était à refaire, nous dit-il en substance, je réagirais de la même manière. Mes enfants ont bien fait de s’orienter vers des études universitaires et de delaisser la céramique. Tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent dans leurs études, c’est bien naturel. Avec un bon niveau de connaissances, on peut faire tant de choses !... Et puis il faut regarder la réalité en face : de tous les métiers artisanaux, la céramique est certainement l’un des plus pénibles, avec la menuiserie, a-t-il ajouté.

« L’un des plus pénibles… » Voilà des propos que l’on entend de plus en plus souvent à Bát Tràng, et pas seulement dans la bouche de Vũ Đức Thắng. La majorité des artisans en activité ne souhaitent pas voir leurs enfants leur succéder. Nguyễn Thị Hoa, qui est la patronne d’un atelier du nom de Hoà Lan, a hérité de la fortune de ses parents. Son atelier de trois étages fonctionne très bien, avec une cinquantaine d’ouvriers. Mais elle aussi, elle n’envisage pas de passer le flambeau à ses enfants : « Tous les parents sont comme moi, ils ne veulent pas que leurs enfants aient à travailler péniblement. Ils préfèrent les voir s’épanouir dans les études, c’est bien normal ! Moi, j’ai négligé cette question de la formation intellectuelle, alors évidemment, je n’ai pas eu le choix. C’est un métier difficile, avec une forte concurrence. L’avenir est incertain, dans la céramique. »     


Bat Trang : quand les jeunes ne veulent plus perpétuer le métier ancestral - ảnh 3

Jointe au téléphone, Nguyễn Thanh Hồng, qui est la vice-présidente de l’association d’encouragement aux études de la commune de Bát Tràng mais aussi la patronne d’une grande entreprise de céramique, nous indique que chaque année, de 30 à 50 jeunes de la commune réussissent l’examen d’entrée à l’université. Sur le nombre, il y en a bien quelques uns qui rentrent au village après leurs études pour reprendre l’atelier familial, mais seulement 10 ou 20% tout au plus. Le fils aîné de Nguyễn Thanh Hồng, Trịnh Hải Duy, est lui-même étudiant en langues étrangères. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, il n’y a pas d’avenir dans la céramique. Duy nous révèle : « En fait, tout le monde souhaite que les enfants étudient le plus possible pour trouver un emploi, pas que mes parents ! Ils me disent souvent, et je leur donne raison, qu’un bon métier, c’est un métier qui apporte des revenus raisonnables, mais qui n’est pas pénible comme peut l’être le métier de céramiste. » 


La cloche de Bat Trang continue à sonner, comme pour appeler les jeunes à ne pas abandonner les ateliers du village. Mais c’est un appel de plus en plus lancinant, que le tourbillon de la vie moderne et les aspirations à la réussite professionnelles des jeunes d’aujourd’hui, ont tendance à étouffer./.


Duc Quy

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