(VOVworld) - « Arrivé à l’âge mûr, l’homme épouse une femme vertueuse qu’il aime »... Dit comme ça, évidemment... Force est de constater qu’en tout cas, les Van Kieu s’en remettent volontiers à cette sagesse séculaire, le mariage étant chez eux un moment très important, vécu en communauté : communauté familiale, bien sûr, mais aussi villageoise.
Le vent de modernité qui souffle sur le Vietnam n’a pas épargné la province de Quang Tri. Heureusement, certaines traditions ont la vie dure, et notamment lorsqu’il s’agit de convoler en justes noces.
Voyons cela de plus près. Le jour J, le jeune marié se met en route, le coeur battant, à une heure jugée propice, qui en général tombe dans l’après-midi : c’est le moment où les génies se mêlent plus volontiers aux villageois, paraît-il... Où se rend-il ? Chez sa promise, tout simplement, dont la famille lui réserve un accueil des plus chaleureux, agrémenté d’un festin nocturne. Quand on vous dit que l’après-midi est le moment propice pour se mettre en route !...
Le jeune marié se voit donc offrir un festin, mais de son côté, s’il veut pouvoir ramener sa belle chez lui, il ne doit pas arriver les mains vides. La tradition veut qu’il apporte une casserole en cuivre, une piastre en argent et une épée, cette dernière étant l’objet sacré indispensable à la cérémonie. Le jeune marié doit en effet remettre son épée et sa vie à son épouse avant de s’en repartir.
Chez les Van Kieu, l’épée, dont la poignée et le tranchant sont inséparables, symbolise la résilience entre l’homme et la femme. Cette arme représente aussi la puissance du mari qui se doit de protéger toute sa famille. Par parenthèse, on ne saurait trop conseiller aux jeunes mariés de ranger lesdites épées hors de la portée des enfants : un accident est si vite arrivé !...
Mais laissons-là ces divagations et revenons-en à nos deux jeunes tourtereaux. Lorsque la jeune mariée arrive dans sa nouvelle maison, elle doit entrer par la porte principale en marchant sur une pierre. Ho Van Tang nous explique pourquoi :
« Le jeune couple doit marcher sur cette pierre, signe de longévité et pérennité de la vie conjugale. »
Mais ce n’est pas fini ! La mère du marié verse ensuite de l’eau sur le pied de sa toute nouvelle belle-fille pour « essuyer toute difficulté ». Désormais, tout n’est que chance et félicité dans la maisonnée !... Ho Van Tang, toujours :
« La jeune mariée se présente devant l’autel des ancêtres où l’on dépose un plateau d’offrandes. Il y a du poulet, du porc, une jupe et un langouti. On annonce officiellement aux aïeux que la famille compte un nouveau membre. »
Les voisins apportent des gâteaux de riz pillé ou une nouvelle robe pour faire cadeau au jeune couple. Des vœux et des chants rythment la fête.
« Après le culte, la belle-mère prend la parole. Elle donne surtout des conseils sur le comportement pour que tout le monde puisse cohabiter harmonieusement »
Un dernier détail, pour conclure : les Van Kieu choisissent les jours pairs pour organiser leurs mariages : c’est pour eux signe de prospérité et de bonheur éternel !...