A quelques jours
du Têt traditionnel, rien n’est plus important que les préparatifs pour le
passage à la nouvelle année. Chez Giang A Co, dans la province de Son La,
les hommes nettoient et décorent l’autel. Quant aux femmes, elles préparent des
plats typiques pour l’occasion. Vivant en haute montagne, les Mong sont
autarciques depuis des générations. Ils ont l’habitude d’élever leurs porcs,
leurs coqs et leurs poules, explique Giang A Co.
«On élève ces
animaux pour le Têt», nous dit-il. «Il faut un porc et deux coqs pour les
plats du Nouvel An. Et après un Têt, on prépare le suivant.»
Photo: Khoahocphattrien
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Les trois
premiers jours de l’année lunaire, les Mong cuisinent pour rendre hommage à
leurs ancêtres et recevoir les invités qu’ils espèrent nombreux. Chaque famille
abat un porc ou deux. La viande sera cuite de façon à ce qu’elle prenne la
consistance de la gélatine, ce qui permettra une longue conservation. Le gras
sera liquéfié à la poêle et, là encore, c’est dans l’idée de pouvoir
conserver.
Un repas du Tet des Mong. Photo: Khoahocphattrien
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La grande
originalité dans les repas du Tet des Mong, c’est qu’il y a très peu, ou pas du
tout de légumes, alors qu’ils en mangent tous les autres jours de l’année.
Giang A Co nous explique pourquoi.
«Sur le plateau,
il faut de la viande de porc, du poulet et des gâteaux de riz gluant», nous explique-t-il. «Les trois
premières matinées de la nouvelle année, on ne mange pas de légumes, mais
uniquement de la viande. C’est une tradition ancienne. Nos aïeux nous ont
toujours expliqué que manger de la viande apporterait chance et prospérité et
qu’en revanche, si on mangeait du riz et des légumes ces jours-là, on
risquerait de rencontrer la pluie lorsqu’on irait au champ.»
Outre la viande,
les plats indispensables sont des gâteaux de riz gluant et de la farine de maïs
cuite à la vapeur. Les gâteaux sont ronds, symbole d’abondance.
Photo: Khoahocphattrien
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Pour exprimer
leur gratitude envers leurs ancêtres, les Mong tiennent à décorer l’autel de
leurs propres mains. Ils n’achètent pas d’objets tous faits, mais les
confectionnent eux-mêmes à partir de papiers colorés dont ils feront des
pompons. Sur l’autel, ils mettent trois feuilles carrées de papier, dorées au milieu,
représentant trois générations d’ancêtres. Mais l’autel serait incomplet sans
un coq qui, selon la légende, appelle le soleil et apporte chance. Aussi simple
que cela puisse paraître, chez les Mong, il revient uniquement aux hommes les
plus respectés de décorer l’autel des ancêtres. En tenue traditionnelle, Giang
A Co s’assied devant l’autel, priant les aïeux de revenir partager ce moment
sacré de l’année avec leurs descendants.
Tout en récitant
sa prière, Giang A Co met du riz et du poulet qu’il déchire de ses propres
mains dans les bols qui se trouvent sur le plateau d’offrandes. La prière peut
durer une trentaine de minutes. Une fois ces rites accomplis, la famille au
grand complet se rassemble pour partager le repas et se souhaiter une bonne et
heureuse nouvelle année.