L’amour a un prix !...

Lan Anh
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(VOVworld) - Le mariage fait partie des quatre rituels les plus importants du cercle de vie d’un Tày. Les rites nuptiaux de cette ethnie sont aussi multiples qu’onéreux, notamment pour le marié qui se doit de dépenser sans compter pour démontrer à ses beaux-parents qu’il est bel et bien « le » gendre idéal, celui auquel ils peuvent, en toute quiétude, confier leur héritière. Eh oui, chez les Tày, l’amour a un prix, qu’on se le dise !...
(VOVworld) - Le mariage fait partie des quatre rituels les plus importants du cercle de vie d’un Tày. Les rites nuptiaux de cette ethnie sont aussi multiples qu’onéreux, notamment pour le marié qui se doit de dépenser sans compter pour démontrer à ses beaux-parents qu’il est bel et bien « le » gendre idéal, celui auquel ils peuvent, en toute quiétude, confier leur héritière. Eh oui, chez les Tày, l’amour a un prix, qu’on se le dise !...
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Source: Internet

Jadis, c’était aux parents de choisir le conjoint de leurs enfants. Mais en ces temps de perdition, où tout part à vau-l’eau, les jeunes s’octroient la liberté de trouver eux-mêmes chaussures à leurs pieds… Mais que les tenants de la tradition se rassurent, cette liberté a un prix, et avant de pouvoir convoler en justes noces avec l’élue de son coeur, le jeune Tày doit s’employer à persuader ses futurs beaux-parents qu’il est bien l’homme de la situation en les comblant de cadeaux nuptiaux, ce qui revient, en l’occurrence, à satisfaire à tous leurs caprices… Force est de reconnaître que si la flamme amoureuse résiste à pareil traitement, on est fondé à subodorer qu’elle ne s’éteindra pas !...

Mais venons-en à ces fameux présents, témoignage de l’affection naissante que le jeune promis ne saurait manquer d’éprouver envers les géniteurs de sa belle… 

Les Tày, superstitieux jusqu’à la moëlle, comparent d’abord les horoscopes des jeunes tourtereaux. Si ceux-ci sont nés sous une bonne étoile, les deux clans daignent se rencontrer. Mais attention ! C’est à la famille du jeune homme que revient l’initiative. Elle choisit alors un entremetteur, chargé d’aller présenter une demande en mariage en bonne et dûe forme à la parentèle de l’élue. Les proches de cette dernière se réunissent alors et demandent en retour un cadeau, un cadeau dont le prix sera bien sûr à la hauteur de l’immense honneur que suppose le fait d’être agréé comme fiancé légitime. Tran Quoc Huynh, un Tày de la province de Lang Son :

« Le jour des fiançailles, il faut offrir un grand festin aux cousins, aux cousines, et même aux voisins de la jeune fille. Toutes les dépenses sont prises en charge par la famille du jeune homme qui doit en plus offrir à l’autre clan un jeune cochon grillé d’environ 35 kilos, une soixantaine de gâteaux de riz pilés, deux coqs bouillis et deux bouteilles d’alcool. Mais ce n’est pas tout. A table, on discute des offrandes pour le mariage : entre 25 et 30 millions de dongs en liquide, 100 kilos de viande de porc, du riz, des gâteaux et de l’alcool, entre autres.... »

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Tous les repas de mariage sont à base de porc, c’est pourquoi le futur jeune marié se doit d’avoir une âme de boucher. Tran Quoc Huynh, toujours :

« 100 kilos de porcs, ni plus ni moins ! C’est la coutume ! Et attention, le cochon de 35 kilos qui sera mis devant l’autel des ancêtres ne rentre pas en ligne de compte. »

A ce régime-là, je gage que les fils d’éleveurs de cochons passent pour de véritables princes ! Et gare à celui qui n’apporterait pas suffisamment de cadeaux, ou qui se montrerait réticent ! Il y va de l’honneur de son clan ! Hoàng Phuong Anh, un autre Tày de Lang Son.

« Il faut que le jeune homme vérifie le poids de la viande avant de l’apporter chez la jeune fille. Si le poids est approximatif, on pense qu’il n’est pas homme à tenir ses promesses ! »   

Mais si l’on n’est pas capable de satisfaire à telles exigences, que doit-on faire pour pouvoir se marier ? Tran Quoc Huynh, encore :

« Il y a eu des périodes difficiles où on n’avait rien pour engraisser les cochons.  Les bêtes ne pesaient que 50-60 kilos. Pour marier mon fils, j’ai dû m’y prendre un an à l’avance pour être sûr d’avoir un cochon suffisamment engraissé ! »   

Evidemment, à ce prix-là, on comprend qu’épouser une Tày, ça se mérite !... Mais bon, toutes ces belles et fortes coutumes appartiennent à une époque révolue et de nos jours, les familles ne réclament que des offrandes symboliques. Tout le monde y trouve son compte, finalement : les jeunes couples, dont la destinée n’est plus liée aux caprices des beaux-parents, mais surtout les cochons, qui en avaient carrément de passer pour des oies et que toutes ces agapes finissaient par rendre grognons !...    

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