Bien plus que de simples instruments de musique…

Nga Anh
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(VOVworld) - Les Chams sont un peuple de musiciens, on ne le dira jamais assez. Et qui dit « musiciens » dit « instruments de musique »
(VOVworld) - Les Chams sont un peuple de musiciens, on ne le dira jamais assez. Et qui dit « musiciens » dit « instruments de musique », bien évidemment. L’instrumentarium traditionnel Cham est aussi riche que varié, mais il comporte au moins trois « incontournables » : le paranung et le guinang, qui sont deux tambours, et la flûte saranaï.

Le paranung est un véritablement un élément de la spiritualité Cham. C’est un instrument de percussion de forme circulaire, constitué d’un fût sur lequel est tendue une peau. La vibration ainsi obtenue lorsque la peau est frappée est amplifiée par le fût qui fait office de caisse de résonance, et autour duquel sont attachées des lanières de boyaux. En général, le paranung est appuyé sur la cuisse et frappé à l'aide des doigts.

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Le paranung

Les Chams considèrent qu’ensemble, le paranung, le guinang et le saranaï représentent les différentes parties d’un être humain. Quang Dung, artiste du centre culturel du district de Ninh Phuoc :

« Le saranaï symbolise les lèvres, le paranung le ventre et le guinang les genoux. Les trois instruments sont joués lors des fêtes traditionnelles, mais aussi lors des funérailles. Mais attention, seuls les grands maîtres peuvent jouer du paranung. Les deux autres instruments, par contre, tout le monde peut en jouer. »       

Les deux autres… Comment sont-ils ? le guinang, tout d’abord, diffère du paranung par son cadre cylindrique. Il est toujours joué par paire. Les deux musiciens se font face, posant l’instrument sur leurs genoux. Ses vibrations, tumulteuses et effervescentes, électrisent les fêtes locales.

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Le guinang

Le saranaï, enfin, est donc un instrument à vent. En fait de flûte, ce serait plutôt une sorte de clarinette, qui se caractérise par son bec en cuivre et sa perce en bois, quasi cylindrique. Le saranaï sert à commencer une mélodie rituelle ou à établir une transition.

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Le saranaï

Le trio paranung-guinang-saranaï séduit le public. Mais c’est un trio difficile à constituer, d’autant plus difficile que ceux qui veulent apprendre à jouer de ces instruments sont priés de le faire loin de leurs villages. Quang Dung, toujours :

« Il ne faut pas jouer du paranung ou du saranaï dans le village : ça attire des fantômes et les démons ! Il faut absolument se tenir loin ! »      

Les Chams de Binh Thuan et de Ninh Thuan savent fabriquer eux-mêmes leurs instruments de musique. Mais il n'existe aujourd'hui qu'un seul atelier familial, tenu par Thiên Sanh Thêm, un fringant septuagénaire, qui est non seulement un artisan chevronné, un instrumentiste polyvalent, mais aussi un pédagogue de premier plan. Depuis quelques années, il donne en effet des cours de tambour pour les enfants de la région. La cour de sa maison a ainsi une double fonction : atelier le matin et salle de classe l'après-midi. La classe est gratuite bien sûr, et ouverte à tous.

« J’accueille les enfants et je les forme. Aujourd’hui, il ne reste plus beaucoup de maîtres artisans qui savent fabriquer des instruments traditionnels. Je voudrais transmettre ce métier aux plus jeunes. Certains de mes élèves peuvent maintenant se mettre à fabriquer eux-mêmes des tambours. »

Le paranung, le guinang et le saranaï sont bien plus que de simples instruments de musique puisqu’ils permettent à l’homme d’établir un contact avec les génies. Incontournables, ils sont aussi inséparables : qu’un seul d’entre eux manque à l’appel, et la magie du rituel n’opère plus !    

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