Vaille que vaille…

Mai Linh
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(VOVWORLD) - Nombreuses sont les activités artisanales qui peinent à franchir le cap du 21e siècle et à résister aux affres d’une modernisation parfois impitoyable…

Il faut par exemple être extrêmement opiniâtre pour continuer à fabriquer des embarcations en bambou, de nos jours. C’est pourtant ce que s’entêtent à faire certains habitants de Hung Hoc, un village de la province de Quang Ninh.   

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En ce mois de juillet, Hung Hoc offre un spectacle assez réjouissant pour qui aime la pêche. On y trouve notamment des embarcations de bambou, calfatées au goudron, qui sèchent au soleil. 

Rien d’étonnant à cela : de tout temps, Hung Hoc a été une sorte de chantier naval, destiné aux pêcheurs. Témoin Dang Thi Tham, qui, en digne descendante de trois générations d’artisans, nous détaille les étapes de la fabrication d’une embarcation rudimentaire.  

« Il faut tout d’abord aller en forêt pour choisir le bambou », nous dit-elle. « Ensuite, on taille les tiges et on les assemble. Pour finir, on calfate avec du goudron et on met à sécher. Tout ça à la main, bien sûr... Ça ressemble beaucoup à un gros panier, en fait, comme les paniers qu’on utilise pour récolter le riz ». 

Vu Van Hung, lui, pratique le métier depuis une bonne trentaine d’années. Un métier qui le passionne, mais qui, de son propre aveu, n’est pas très lucratif. Cela étant, pas question pour lui, de renoncer : il se sent être le dépositaire d’un véritable patrimoine…  

« Autrefois, beaucoup de gens pratiquaient ce métier-là… Mais maintenant, les jeunes partent tous travailler à l’usine… Moi, tant pis, je continue, vaille que vaille ! Ma femme, elle, travaille comme ouvrière. Comme ça, on arrive à peu près à joindre les deux bouts », nous raconte-t-il.

« Vaille que vaille »… C’est peu de le dire. La décennie écoulée aura vu disparaître plus de 70% des ateliers que comptait Hung Hoc : il y en avait encre 245 en 2011, il n’y en a plus que 65… A cela, s’ajoute une concurrence de plus en plus âpre, qui met à l’épreuve même les plus optimistes.     

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Mais des optimistes, il y en a, qui ont eu l’idée de fabriquer des produits dérivés à l’usage des touristes, comme nous l’explique Lê Minh Cuong, le chef adjoint du service de la Culture et de l’Information de Quang Yên, la commune à laquelle est rattaché Hung Hoc.

« C’est la fameuse opération ‘À chaque village son produit’… L’idée, ici, c’est de faire en sorte que l’artisanat traditionnel de Hung Hoc devienne un argument touristique à part entière, et qu’à terme, le village lui-même devienne une destination », nous précise-t-il.   

Espérons-le, car ces petites embarcations qui sont la spécialité de Hung Hoc, ont bien du charme, à défaut de pouvoir rivaliser avec de gros chalutiers… Et le Vietnam sans ses bateaux-paniers ne serait plus tout à fait le Vietnam !...   

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