Nguyên Ngoc Huong (à la droite) et ses travailleurs au milieu du champ de centelle bio. Photo: VOV |
Diplômée en économie à Hô Chi Minh-ville, Nguyên Ngoc Huong était a priori destinée à une carrière stable, dans un bureau… C’est du reste ce qu’elle avait commencé à faire avant de tout quitter pour se tourner vers l’agriculture et se lancer dans la production de poudre de plantes herbacées à Cu Chi, dans la banlieue de la mégalopole du Sud. Un virage à 180 degrés, donc, qui n’a pas forcement été facile à négocier, au moins au début…
«Je dois bien admettre que j’ai rencontré beaucoup de difficultés dans la mise en place de mon projet», confesse Nguyên Ngoc Huong. «Premier problème: je suis une femme, je ne suis «qu’une» femme, devrais-je dire… Deuxième problème: l’agriculture est un secteur dans lequel les risques sont énormes. En ce qui me concerne, par exemple, les feuilles sont fraîches le matin quand on les cueille, mais elles meurent rapidement dans l’après-midi… Il m’a donc fallu trouver une méthode pour transformer les feuilles en poudre quand elles sont encore fraîches…»
Adepte de l’agriculture dite «biologique», Nguyên Ngoc Huong a opté pour les normes VietGap, des normes de bonnes pratiques agricoles qui impliquent l’utilisation de probiotiques naturels dans la culture. Par ailleurs, son procédé de séchage à froid permet de réduire une feuille en poudre tout en conservant ses qualités nutritionnelle et organoleptique, ses couleurs et son goût.
À ce jour, elle a réussi à produire des poudres à base de différentes plantes herbacées, notamment la centelle (centella asiatica) qui est son produit phare, mais aussi l’herbe à poivre (houttuynia cordata), la pérille (perilla frutescens), ou encore le moringa oleifera. Ses produits, qui sont distribués sous le label «Quang Thanh», approvisionnent non seulement le marché domestique, mais également différentes chaînes de supermarchés à travers le monde. Malgré la pandémie de Covid-19, plusieurs lots de poudres déshydratés ont été exportés vers des marchés exigeants, à savoir les Pays-Bas, le Japon, la République de Corée, les États-Unis et l’Inde.
L’établissement de Nguyên Ngoc Huong génère des emplois pour des dizaines d’habitants de la région de Cu Chi. Mais surtout, il commence à faire des émules, parmi lesquels Nguyên Van Ut, qui a fini, lui aussi, par se tourner vers l’agriculture dite «biologique».
«Avant, j’avais l’habitude d’utiliser pas mal de produits chimiques… Chez Nguyên Ngoc Huong, les pesticides et les engrais chimiques sont bannis, la finalité étant de proposer à la clientèle des produits propres. Eh bien je dois reconnaître que depuis que je travaille comme ça, dans un environnement sain, mon état de santé s’est beaucoup amélioré», nous explique-t-il.
Fin 2019, le projet de Nguyên Ngoc Huong remportait le premier prix d’un concours de projets innovants destiné à la jeunesse rurale. En 2020, ses produits étaient élus «Produits vietnamiens de haute qualité»: une consécration, pour cette jeune femme aussi audacieuse qu’entreprenante…