La maison de Ba Kiên, le pervers responsable villageois dans « Chi Phèo » - Photo Ngoc Anh/VOV5
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Vu Dai, donc… Immédiatement, ce nom
évoque deux œuvres : « Chi Phèo », une nouvelle signée Nam Cao,
mais aussi «Ces jours-là
au village de Vu Dai», l’un des
fleurons du cinéma vietnamien, réalisé en 1982 par Pham Van Khoa, qui décrivait
la vie dans nos campagnes avant août 1945.
Nam Cao, de vrai nom Trân Huu Tri, est
né le 29 octobre 1917. Tombé au champ d’honneur le 28 novembre 1951, il restera
dans la postérité comme l’un des plus grands écrivains réalistes du 20ème
siècle. Il s’est vu attribuer l’Ordre de la résistance et le prix Hô Chi Minh
pour les lettres et les arts à titre posthume, faisant ainsi la fierté du
village qui l’a vu naître et de ses habitants, parmi lesquels Trân Thi Ngân.
« C’est un honneur, pour moi, que
de vivre dans le village natal de Nam Cao », nous dit-elle. « C’est
d’autant plus vrai que Vu Dai fait partie de la commune de Hoà Hâu, une commune
héroïque s’il en est, et que ça crée une sorte d’obligation morale. »
Les récits de Nam Cao, qui ont souvent
Vu Dai pour toile de fond, sont pleins d’ironie et de compassion vis-à-vis des
personnes déshéritées. En l’espace d’une décennie, il aura réussi à bâtir une
œuvre conséquente, empreinte d’humanisme. Quelques titres, comme « Chi
Phèo », « Le vieux Hac », « L’enseignant Thu », « S’user
à vivre », ou encore « Une vie de trop » resteront au panthéon de la littérature
vietnamienne.
Un espace
commémoratif à Nam Cao a été inauguré le 30 novembre 2004 à Vu Dai - Photo Ngoc Anh/VOV5
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Un espace commémoratif a été inauguré le
30 novembre 2004 à Vu Dai. On peut y trouver des objets, des livres, des
archives et des images.
« Je viens avec mes enfants pour
rendre hommage à Nam Cao », nous explique Trân Chiên Binh. « Je pense
à lui avec beaucoup d’émotion. C’est un grand écrivain qui a laissé plusieurs
oeuvres de valeur, « Chi Phèo », notamment. Il aura eu une
trajectoire brève, mais fulgurante. C’est dommage qu’il soit parti trop tôt. Il
demeure, en tout cas, un exemple de patriotisme. »
Non loin de ce site commémoratif, se trouve
la maison de Ba Kiên, le pervers responsable villageois dans « Chi Phèo ».
Ba Kiên a en effet réellement existé. Il s’appelait Nghi Binh. « Quand on
est à Vu Dai, on se doit de visiter l’espace commémoratif dédié à Nam Cao et la
maison de Ba Kiên. On accueille chaque année un grand nombre de touristes
vietnamiens et étrangers, qui viennent là pour ça. Nam Cao, c’est tout de même
une figure marquante de notre Histoire.
Il y a d’ailleurs une rue qui porte son nom, à Hanoï. Et ici, au
village, il y a tous les ans des mouvements d’émulation en son honneur »,
nous raconte Trân Ba Luân, l’un des seniors de Vu Dai.
Aller à Vu Dai, c’est se replonger dans
l’univers des nouvelles de Nam Cao, lequel ferait presque office de génie
tutélaire, tant il est vrai que l’admiration qu’il suscite confine à la
dévotion. Témoin la cérémonie qui est organisée tous les ans pour
l’anniversaire de son décès, le 30ème jour du 10ème mois
lunaire.
Une fierté locale…