Le village Kiêu. Photo: dotchuoinon.com |
Voilà maintenant près d’un an qu’Y Gên Byă a décidé d’ouvrir son exploitation aux visiteurs. Le café et les arbres fruitiers ne lui suffisaient plus, il avait besoin de mettre ses terres en valeur. En optant pour le tourisme, il ne s’est pas contenté d’ajouter une corde à son arc, il s’est littéralement ouvert au monde. Et apparemment, cette ouverture lui réussit plutôt bien.
«Les autorités locales nous ont encouragés à nous lancer dans le tourisme à la ferme, qui est une sorte d’écotourisme lié à la découverte culturelle. Et elles ont tenu leur promesse de faire venir les touristes !... On est très content, en tout cas, parce que ça nous garantit des revenus stables», nous confie-t-il.
Les autorités locales ont en effet beaucoup contribué à cet essor de l’écotourisme, essor auquel la nouvelle ruralité n’est bien évidemment pas étrangère. Mais à Kiêu comme dans bien d’autres villages, tourisme rime avec préservation et mise en valeur de l’identité culturelle locale. Les métiers à tisser ont ainsi repris du service. Même chose pour les gongs, qui sont redevenus ce qu’ils étaient : le pouls des villageois… Et tout le monde y trouve son compte : les M’nông, qui savent que leurs traditions seront maintenues, et les touristes, qui peuvent en découvrir toute la richesse.
Actuellement, les neuf dixièmes des foyers du village sont impliqués dans cette grande mutation, qui passe aussi par une revalorisation des vergers et de l’habitat traditionnel. Tous ces foyers se sont ainsi vu offrir de jeunes plants et des engrais pour développer leurs vergers, dont la superficie totale s’élève aujourd’hui à 120 hectares. Et pour ce qui est des maisons longilignes, typiques des M’nông, un certain nombre d’entre elles ont été remises en état : elles accueillent désormais les touristes de passage, lesquels ne demandent pas mieux que de dormir « à la rude », avec tout ce que cela suppose d’authenticité.
«authenticité» semble du reste être le maître mot des autorités locales, lorsqu’elles font la promotion de l’écotourisme. C’est en tout cas ce qui ressort des propos d’Y’Drai M’Drăng, le président du comité populaire de la commune de Yang Mao.
« Notre principale préoccupation, c’est de préserver au mieux la culture des M’nông. C’est pour ça qu’on essaie de mettre en avant la fruiticulture, l’art des brocatelles, les gongs, mais aussi certaines fêtes traditionnelles comme la fête du riz nouveau... », nous explique-t-il.
Il faut savoir que le village Kiêu se situe à l’emplacement de l’ancienne base révolutionnaire de la province de Dak Lak, et qu’à ce titre, il appartient à un vaste complexe historico-culturel, ce qui lui donne un atout supplémentaire. Pas étonnant, dès lors, que les autorités de Dak Lak aient littéralement décidé de miser sur Kiêu, comme nous le confirme Nguyên Thi Phuong Hiêu, la directrice adjointe du service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme.
«Pour la période 2020-2025, l’objectif est de faire de Kiêu un site touristique majeur de la province de Dak Lak. C’est une façon d’améliorer le niveau de vie des M’nông et de préserver leur identité culturelle», estime-t-elle.
Chaque année, la province de Dak Lak accueille plusieurs centaines de milliers de touristes, avec d’ailleurs une croissance annuelle de 12%.