La statue de Hoàng Thach, le génie tutélaire du village - Photo Phu Sy/VOV |
Dich Vi, Dich Dinh de nos jours, est un village rattaché à Phuong Dinh, une
commune du district de Dan Phuong. Il se niche au bord de la rivière Day.
Voilà pour les présentations géographiques. Venons-en maintenant au sujet
qui nous intéresse. Pour cela, il faut se rendre dans la maison communale du
village, laquelle est dédiée au culte de Linh Lang Dai Vuong, le 4ème
fils du roi Ly Thanh Tông, mais aussi d’un certain Hoàng Thach, ce dernier
étant le génie tutélaire du village.
Et c’est un chien !
Cette légende que je vous raconte maintenant est aussi vieille que la
mémoire collective.
Ngoc Tri et Hoàng Thach étaient deux frères qui habitaient tous deux au
bord de la rivière Hat. Un jour, l’aîné, Ngoc Tri, part à la guerre, confiant
alors sa maisonnée aux bons soins de son frère, Hoàng Thach donc. Mais une
mauvaise surprise l’attend à son retour : sa femme est enceinte… Furieux,
il accable son frère et le tue en le traitant de… chien. Mais quand sa femme
accouche d’un monstre, il comprend qu’il a injustement accusé Hoàng Thach,
lequel a entre-temps pris la forme d’un chien pétrifié, un chien pétrifié qui
va être emporté par les eaux jusqu’au niveau du village de… Dich Vi.
« C’est une pratique qui reste solidement ancrée dans les mœurs »,
nous indique Nguyên Chi Cuong, le gardien de la maison communale du village. « Avant,
quand les gens passaient devant la maison communale, ils devaient se prosterner
devant Hoàng Thach. Il faut dire qu’on lui prête beaucoup de pouvoirs, à Hoàng
Thach, notamment celui d’exaucer les vœux ou de résoudre les litiges familiaux…
Je connais des gens qui avaient perdu des bijoux, dans mon hameau. Eh bien ils
les ont retrouvés après avoir invoqué Hoàng Thach !... »
Photo Lê Trang/ Bưu
Điện Việt Nam |
Il y a une colline, à l’entrée du village, où l’on trouve une petite
esplanade consacrée au culte du chien. Et naturellement, on y trouve des
statues de chiens, la plus grande mesurant un mètre de haut et étant entourée
de chiens plus petits, tous plus expressifs les uns que les autres. Toutes sont
orientées vers la rivière Hat, c'est-à-dire entre Ba Vi et Tam Dao. Depuis des
générations, les villageois font appel à ces chiens de pierre pour résoudre
leurs différends. C’est devant eux qu’ils font leurs serments, en coupant un
bananier ou en cassant un bol. Ils croient que les serments faits dans cet
endroit sacré ne peuvent être violés, sous peine de mort… Toutes ces anecdotes,
aussi invraisemblables puissent-elles paraître, ont en tout cas pour effet de
garder intacte l’esplanade de culte dédié à Hoàng Thach, qui a droit à tous les
égards, comme nous l’explique Cao Thi Hoi, une villageoise.
« On lui brûle des bâtonnets d’encens tous les 1er et les
15ème jours des mois lunaires. On s’en remet à lui pour les études
de nos enfants, mais aussi quand il s’agit de retrouver un objet perdu ou de
résoudre des conflits », nous dit-elle.
Ce culte du chien explique en partie l’aspect paisible de ce village, où honnêteté, loyauté et attention à autrui sont les
mots d’ordre.
Dich Vi, un village qui a du chien !