Présence de la langue française dans les lieux publics ou dans le village olympique - Photo Dang Duong/CVN
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Pour
la première fois au pays du Matin calme, les adeptes de la langue de Molière ont
pu se sentir «chez eux», et ce dès leur sortie de l’avion, grâce à une
signalétique en français qui les aura accompagné jusqu’aux sites de compétition
de PyeongChang. On est totalement à l'opposé de ce que décrivait Manu Dibango,
Grand témoin de la Francophonie aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, qui n’avait
pas hésité à pointer du doigt «un traitement assez catastrophique de la
langue française». Visiblement, les Sud-Coréens auront eu à cœur de rectifier
le tir et de s’attirer les bonnes grâces de l’Organisation internationale de la
Francophonie. Ils se sont en tout cas attirés celles de Fleur Pellerin,
ancienne ministre française de la Culture et de la Communication, Sud-Coréenne
de naissance, qui était présente à Pyeongchang en tant Grand témoin de la
Francophonie.
«C'était
un peu un défi parce que ce n'est pas forcement évident pour des jeux d'hiver
où il y a moins d'athlètes francophones, pour des jeux en plus très asiatiques
avec un public qui est essentiellement un public de la région», nous dit-elle. «Ce
n'est pas évident de proposer une signalétique en français, en anglais et en
coréen. Mais je trouve que les organisateurs coréens ont vraiment joué le jeu.
Et je suis très satisfaite de voir que le français est bien présent dans le
village Olympique, à l'aéroport d'Incheon et puis surtout dans les annonces
officielles. Notamment pendant la cérémonie d'ouverture… C’est vraiment très
émouvant. J’ai été très touchée d'entendre certaines annonces en français,
notamment lorsque la délégation de la Corée a défilé.»
Fleur Pellerin,
ancienne ministre française de la Culture et de la Communication, à PyeongChang en tant Grand témoin de la
Francophonie - Photo Dang Duong
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Ce
beau résultat a été obtenu de haute lutte par l’OIF. Depuis 2004, il est de
tradition qu’un “Grand témoin” soit désigné pour veiller au respect de la règle
23 de la Charte Olympique en vertu de laquelle “la langue française est, avec
l'anglais, la langue officielle des Jeux Olympiques”. La secrétaire générale de
l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean, avait
également fait le déplacement.
«Oui,
ça me fait plaisir de voir qu’à l'aéroport le français est là, mais il va
falloir rester très attentif aussi au village Olympique, aux circuits, aux
différents sites, à l'information… Il faut effectivement que tout cela doit
disponible également en français et c'est tout le travail du Grand témoin. Le
Grand témoin, sans jouer le rôle de gendarme, vient et fait des recommandations
à cet égard. Et lorsque le pays hôte des jeux retient ces commandations, c'est
gagnant pour ce pays: Nous voulons que chaque pays qui relève ce défi puisse
s’enorgueillir de l’avoir fait et de l’avoir si bien fait. Les autorités
coréennes savent qu’au prochain sommet lorsque l’on parlera des jeux, nous
aurons envie, aussi, de leur décerner une belle médaille», nous explique-t-elle.
La secrétaire générale de
l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean - Photo Dang Duong
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C'est
gagnant... également pour l'OIF et les utilisateurs de cette langue de charme.
La bataille de PyeongChang se termine donc sur une grande victoire. Mais qu'en
est-il pour les prochaines éditions?
«Pour
prendre un langage un peu sportif, nous allons vraiment monter en puissance
grâce à ces grand rendez-vous dans cette région du monde», précise Michaëlle
Jean. «Je crois que le prochain rendez-vous au Japon sera important car le
Japon s’intéresse à la francophonie. La coopération avec le Japon est déjà
présente dans l'espace francophone. La francophonie, c'est un espace de
solution dans lequel nous mettons en partage toutes les solutions que nous
savons construire face à des problèmes criants, des situations que nous voulons
vaincre ensemble.»
A
noter que la francophonie est présente dans tous les domaines majeurs du monde
que soit l'éducation, l'économie, le maintien de la paix et d'autres encore. «La
langue française en francophonie est un levier, un trait d’union pour agir et
pour faire: penser, entreprendre, innover, inventer et construire la paix», nous
dit Michaëlle Jean.