L'Université de médecine de Hanoï |
Nous nous trouvons actuellement à l'Université de médecine de Hanoï, un leader dans la formation des professionnels de la santé au Vietnam. Membre associé de l’Agence universitaire de la Francophonie depuis 2005, l’école intègre l’enseignement du français dès la première année jusqu’à la sixième année.
Cette préférence pour la langue de Molière trouve ses racines dans une histoire étroitement liée à la France.
“Le 8 janvier 1902, le gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer, a signé la décision de création de la Faculté de médecine de Hanoï, une branche de l'Université de médecine de Paris, et a nommé Alexandre Yersin, un médecin français mondialement connu, le premier doyen de l’école. La création de la Faculté de médecine de Hanoï, première université en Indochine, marque le début de la médecine moderne au Vietnam. Cette institution a joué un rôle central dans l'établissement d'un système de formation médicale et dans la mise en place d'hôpitaux pratiques à travers le pays.", a expliqué le recteur de l'Université de médecine de Hanoï, Nguyên Huu Tu.
VOVworld: En effet, la France a contribué de manière significative à la formation de nombreux médecins renommés au Vietnam.
"Pendant la période difficile du Vietnam entre 1985 et 2000, des milliers de médecins vietnamiens ont bénéficié du programme de coopération FFI en France, devenant ainsi une ressource humaine de haute qualité et précieuse pour le développement des spécialités et du système de santé vietnamien. Ce programme de formation est toujours maintenu par la France jusqu'à aujourd'hui, permettant à environ 40 médecins vietnamiens talentueux de partir chaque année étudier et améliorer leurs compétences professionnelles en France."
Le recteur de l'Université de médecine de Hanoï, Nguyên Huu Tu et le professeur honoris causa Francis Bolgert de l'Hôpital Pitié Salpêtrière |
Chaque année, l'Université de médecine de Hanoï recrute entre 40 et 70 étudiants pour le programme de formation médicale intensive en français. Jusqu’à présent, plus de 1000 étudiants ont bénéficié de cette formation. Le français médical est enseigné aux étudiants à partir de la deuxième année jusqu'à la fin de la sixième année.
Bao Châu, étudiante en troisième année et présidente du Club Francophone de l’Université de médecine de Hanoï. |
Bao Châu, une étudiante en troisième année et présidente du Club Francophone de l’école, témoigne de l’attrait de ce programme:
J'ai réalisé que c'était un programme prometteur qui offrait une opportunité à plusieurs professeurs et étudiants de se rendre en France pour étudier le programme de troisième cycle DFMS/DFMSA. C'est véritablement exceptionnel car la France n'est pas seulement l'un des pays les plus avancés au monde en matière de santé, mais elle offre également une expérience unique permettant aux internes étrangers de prendre en charge des patients”.
Mais les avantages de la maîtrise du français pour les professionnels de la santé au Vietnam sont plus nombreux, comme l’a indiqué M. Nguyên Huu Tu.
«Les avantages du français pour le domaine médical au Vietnam résident dans les opportunités de consulter de nombreux documents de la médecine moderne et avancée du monde entier, de participer à des conférences et des ateliers utilisant le français, et surtout de bénéficier des stages professionnels dans le cadre des programmes d'échanges avec les CHU en France. La France est le seul pays parmi les nations avancées à permettre aux médecins étrangers, comme ceux du Vietnam, de pratiquer dans les hôpitaux et sur les patients sans avoir obtenu de licence médicale en France. Si vous êtes médecin et que vous avez une bonne maîtrise du français, à partir du niveau B2, vous avez pratiquement la garantie d'avoir l'opportunité de faire un stage et de travailler en tant que résident dans les hôpitaux français. C'est une opportunité extrêmement précieuse pour les médecins vietnamiens”, a-t-il précisé.
Cependant, les défis sont également de taille…
“Pendant mes trois années d'études au programme, j'ai effectivement rencontré plusieurs défis, comme tous les autres étudiants. Le plus difficile a été le français, une langue qui demande beaucoup d'efforts et de persévérance de la part de l'apprenant, d'autant plus que notre programme pour les médecins généralistes est déjà très chargé”, a souligné Bao Châu.
VOVworld: Comment avez-vous surmonté toutes ces difficultés?
“Je n'ai pas été seule dans cette épreuve. Les professeurs m'ont énormément aidée à surmonter ces obstacles. En classe, ils s'efforcent toujours de créer une atmosphère confortable et joyeuse pour faciliter l'acquisition de nos connaissances. L'école a également mis en place un espace de lecture francophone où l'Ambassade de France fournit chaque année des centaines de nouveaux livres médicaux. De plus, l'école offre des opportunités de stages, et de participation à des activités extrascolaires francophones pour renforcer notre motivation. J'ai également bénéficié de conseils personnalisés de la part de médecins ayant suivi le programme pour surmonter ces obstacles et progresser davantage”, a-t-elle ajouté.
Les étudiants participant au concours d'éloquence en français "Ici, on s'exprime" organisé par le Club francophone de l'école. |
Malgré ses efforts, l’école est également confrontée à des défis majeurs pour maintenir l’enseignement en français.
“L'enseignement du français rencontre des difficultés croissantes en raison de la tendance des élèves du secondaire à privilégier l'apprentissage de l'anglais en général. De plus, il y a peu de professeurs de français disponibles, et le cursus de médecine est déjà très chargé, ce qui rend difficile le renforcement de l'apprentissage du français. Pourtant, l'université a mis en place de nombreuses solutions au cours des dernières années pour maintenir son programme de formation. Le niveau de français des étudiants s'est nettement amélioré grâce à des initiatives telles que la préférence donnée aux candidats avec un niveau B2 lors du recrutement, le soutien à l'apprentissage du français et aux stages en France, ainsi que la priorité accordée à l'embauche d'anciens étudiants ayant une maîtrise du français en tant que professeurs”, a partagé le recteur de l'Université de médecine de Hanoï Nguyên Huu Tu.
À la sortie de l’école, les étudiants francophones ont généralement un bel avenir devant eux. La plupart d’entre eux entrent en internat, poursuivent leurs études en France ou travaillent actuellement dans de grands hôpitaux du Vietnam. De nombreux anciens étudiants restent à l’école pour enseigner dans le programme de formation médicale intensive en français, assurant ainsi une continuité durable de la francophonie médicale.