Alexis Salem, chef de BECM, Bureau d'étude en construction métallique. Photo: Thuy Linh |
Alexis Salem: Le principal avantage, au Vietnam, c’est la facilité avec laquelle se crée une entreprise. J’ai pu ouvrir ma société en deux semaines : un avocat s’est chargé des papiers et la société a été créée à mon nom, avec tout ce qui fallait comme tampons pour pouvoir commencer l’activité. Le Vietnam c’est un marché très concurrentiel avec beaucoup de codes différents et parfois surprenants mais les entreprises étrangères sont vraiment bienvenues. L'État vietnamien a fait et fait énormément de choses pour pouvoir faciliter l'accès aux investisseurs étrangers, il reste certes quelques évolutions, notamment sur le système bancaire mais tout viendra en temps voulu et c'est pour cela que l’on fait confiance au Vietnam. Le Vietnam m’a permis de réaliser mon envie d’entreprenariat et pour ça je dis merci au Vietnam.
VOV5: Ça fait bientôt sept ans que vous êtes en activité. Que pensez-vous de l’industrie de la construction métallique au Vietnam?
Alexis Salem: Alors tout d'abord la construction au Vietnam est principalement en béton et il n’y a pas beaucoup de structure métallique en dehors des constructions pour le secteur industriel. Pour nous, nous travaillons surtout pour des projets à l'étranger, pour l'Europe et également pour l'Asie. La construction métallique a plein d’atouts et notamment pour les bâtiments architecturaux comme les bâtiments publics par exemple, ou une structure plus complexe est demandée ; et là, l'acier a toute sa place pour ce genre de construction. C'est vrai que la construction métallique au Vietnam a un grand avenir et peut encore se développer.
VOV5: Comme vous l’avez dit, les marchés étrangers jouent un rôle important pour votre société. Alors quelles sont les difficultés rencontrées par votre entreprise dans le contexte de cette crise sanitaire à très fort impact économique?
Alexis Salem: Effectivement, l'année précédente a été très très compliquée pour nous, étant donné que notre activité est basée je dirais à 70-80% à l'étranger et étant donné que le monde du bâtiment s'est arrêté pendant plus de six mois et met du temps encore à redémarrer, nous avons perdu énormément de trésorerie. Pour nous, on a réussi à payer les salaires sur toute l'année dernière mais il ne faudrait pas que la crise s’éternise sinon on risque d'avoir de sérieux problèmes pour l'année prochaine.
Photo: Thuy Linh |
VOV5: Les impacts de la crise sanitaire ont été très forts, comment franchissez-vous ces obstacles?
Alexis Salem: On a une chance, c'est que le Vietnam a très bien géré cette crise sanitaire, ce qui a permis d'avoir peu impacté par le confinement et de garder justement la possibilité aux entreprises de continuer leur travail en présentiel. Ça a permis effectivement, je pense, de sauver beaucoup d'emplois. Ça a été beaucoup plus compliqué pour des bureaux tels que le nôtre en France du fait que le télétravail fonctionne pour un certain temps mais n'est pas adapté pour le long terme. Un second point est notre capacité à faire évoluer nos compagnies, à trouver des nouveaux secteurs, créer de nouvelles compétences. Ces périodes de crise nous permettent, nous poussent aussi à chercher d'autres revenus ou d'autres façons de travailler.
VOV5: En tant qu’investisseur français, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite ouvrir une société au Vietnam?
Alexis Salem: Je peux dire que cela a très bien fonctionné pour moi mais tout dépend du secteur dans lequel la personne veut investir… Mais un petit conseil pour les sociétés ou les investisseurs qui souhaiterait venir au Vietnam, c’est tout simplement trouver un avocat spécialisé pour pouvoir le faire, quelle que soit la taille de l’entreprise, même petite : un avocat vietnamien saura exactement comment créer la société en choisissant le bon statut et réunira pour vous toutes les bonnes conditions pour le faire , c’est pour moi la base de tout bon investissement ici.
VOV5: Alors selon vous, que faut-il faire pour améliorer l’environnement d’investissement au Vietnam?
Alexis Salem: Je pense qu’il y a deux axes: un, faciliter les transactions, les échanges financiers vers l'étranger qui sont aujourd'hui soumis à énormément de papiers, de traductions. Et puis, faciliter l'adoption de visas pour les étrangers souhaitant investir. Il m'a semblé que le niveau d'investissement pour avoir ce genre de visa avait été rehaussé avec un montant minimum de 100 - 200 mille dollars, je ne sais pas exactement. C'est un peu dommage de mettre des freins aux investisseurs par ce biais-là. Quand je suis arrivé au Vietnam, je suis arrivé avec vraiment pas beaucoup d'argent, un investissement de 20 à 30.000 euros. C'est aussi la raison pour laquelle je suis vraiment content d’avoir été accueilli au Vietnam pour créer ma société.