Hua Ngân Tuê prend la parole à la cérémonie de remise des prix du Concours, tenue en Roumanie fin septembre |
VOVworld: Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours francophone qui, apparemment, n’est pas étranger à ce 3e prix?
Pour moi, le français est vraiment un destin. J’ai commencé au lycée Trân Phu, à Hai Phong. Après ça, je me suis retrouvée à l'Académie diplomatique du Vietnam avec deux spécialités: la communication internationale et le francais. J'ai même été membre du club francophone de l’Université, ce qui m’a donné l’occasion de participer à plusieurs concours... Au bout de deux ans, j'ai décidé de partir en France, de devenir jeune fille au pair, ce qui m’a permis de réaliser mon vieux rêve. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée à Rennes. Cette année en France m’a permis d’enrichir mes connaissances, de sortir de ma zone de confort, d'échanger avec de jeunes entrepreneurs et de découvrir la culture française. Mais bon, même les meilleures choses ont une fin! Je suis rentrée au Vietnam pour finir mes études. Actuellement, je suis en train de faire un stage en communication dans une organisation internationale francophone.
Hua Ngân Tuê et sa famille d'accueil en France |
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VOVworld: Ça fait donc bientôt sept ans que tu apprends le français… Alors qu’est-ce que représente la langue de Molière pour toi?
«Apprendre une langue étrangère, c’est un peu comme devenir quelqu'un d'autre»… Je ne sais plus qui a dit ça, mais je trouve que c’est parfaitement juste. Pour moi, étudier une autre langue consiste non seulement à apprendre des mots différents pour désigner telle ou telle chose, mais aussi à s'ouvrir à une autre culture. C’est exactement ce que le français m’a apporté. Et je pense que dans ma vie professionnelle, le français sera un vrai atout, un véritable avantage différentiel…
VOVworld: Revenons à notre sujet principal… En quoi consiste ce projet?
J’ai participé au concours «60 secondes pour convaincre» pour concrétiser mon rêve. Mon ambition est de créer une marque de glace de haute gamme pour mettre en valeur la richesse des fruits vietnamiens. Ce n'est pas forcément une idée inédite et révolutionnaire mais en participant à ce concours, j’espère pouvoir contribuer à valoriser l'image du Vietnam à l’échelle internationale et plus simplement, mener un projet de bout en bout, c'est-à-dire depuis les études de faisabilité jusqu’à la commercialisation.
Hua Ngân Tuê lors du festival des startups Techfest 2020 |
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VOVworld: D’où vient cette idée originale? Coup de tête ou projet longuement prémédité?
En ce moment, on parle beaucoup de soutenir les agriculteurs, qui ont du mal à écouler leurs produits. Si je peux, même modestement, les aider un peu, c’est toujours ça de gagné… J'ai vécu en France pendant un an et j'ai vu que la crème glacée était un produit de grande consommation. Des glaciers, on en trouve un peu partout, mais surtout dans les villes touristiques. Et comme justement le Vietnam est une destination touristique de plus en plus prisées et qu’il y fait chaud, je me suis dit que les touristes seraient bien contents de trouver des glaces, et tant qu’à faire des glaces faites au Vietnam… C’est comme ça que j’en suis arrivée à cette idée de créer des glaces avec des fruits bien de chez nous, du genre litchis, longanes, mangoustans…
VOVworld: C’est en tous cas incroyable d’être un des dix finalistes d’un tel concours. Et en plus, tu as remporté le 3e prix! Comment tu as vécu tout ça?
J’ai surtout été très surprise, parce que les autres projets étaient vraiment intéressants… Mais bon, c’est toujours bon à prendre, et surtout, ça m’encourage beaucoup à persévérer dans cette voie-là.
VOVworld: Comment tu vois la suite?
Pour l’instant, je teste les produits. Maintenant, ce qu’il me faudrait, ce sont des investisseurs. Je vais commencer par vendre mes glaces en ligne, et si j’ai de bons retours, je vais m’attaquer au marché proprement dit…
VOVworld: Un conseil aux jeunes francophones qui souhaitent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale?
À ce stade… Je ne sais pas encore si mon projet aboutira au résultat escompté, alors donner des conseils… C’est sans doute un peu prématuré. Mais bon, ce que je peux dire, c’est que si on a un projet, il faut foncer. Beaucoup de personnes ont de bonnes idées, mais très peu osent le passage à l’acte… C’est important, pourtant, d’oser… Il faut foncer sans avoir peur de l’échec, mais avoir une vraie rigueur, par contre. Vouloir, c’est pouvoir, comme on dit!