Photo: Duc Quy/VOV5
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Ces extraits sont des extraits d’un roman que j’ai
écris dont le titre est «Diên Biên Phu». C’est un roman dans lequel mon
narrateur qui s’appelle Alexandre part à la recherche, revient au Vietnam 20
ans après la bataille de Diên Biên Phu et aussi la guerre d’Indochine. Il revient
au Vietnam pour retrouver son amour vietnamien et cet amour s’appelle Mai Lan. Alors
je pense qu’il espère plus que la retrouver, il puisse retrouver lui-même parce
qu’après 20 ans, où et comment il peut la retrouver s’il a la chance de la
revoir. Mais il revient quand même dans ce pays parce qu’il a quelque chose
qu’il a perdu ici. Et donc Mai Lan est sa femme idéale, son rêve, son fantasme,
comme un fantôme comme ça qui le poursuit depuis 20 ans et que lui poursuit
aussi. Mai Lan, j’ai choisi ce nom-là aussi parce que je trouve magnifique comme
prénom. Et quand je cherchais des noms pour mes personnages puisque c’est une
histoire que j’ai inventé, je cherchais des noms qui sont aussi des symboles où
alors qui avaient de musique et qui pouvaient rester dans la tête des lecteurs.
VOV5: Pourriez-vous parler d’ailleurs d’un autre extrait
intitulé «Le rond-point du Vietnam héroïque»?
«Le rond-point du Vietnam héroïque» est un
hommage à Aimé Césaire qui est un poète français martiniquais et qui était le
maire de Fort-de-France et dans cette ville des
Caraïbes, il y a un rond-point du Vietnam héroïque. C’est la manière de ses
airs poétiques de saluer le courage du peuple vietnamien. Il avait décidé que
là, dans son pays, dans son île, il y avait un rond-point qui allait s’appeler
comme ça, «le rond-point du Vietnam héroïque». Moi, quand je découvert ce
rond-point, je trouve que c’est tellement formidable comme histoire. J’ai
commencé à écrire un poème sur ce rond-point et après, ça m’a amené à Diên Biên
Phu et aussi à l’écriture du roman éponyme. C’est un texte qui parle aussi de résistance,
d’espérance, de fraternité des armes et des hommes.
VOV5: Depuis quand avez-vous trouvé la passion pour les
mots et commencé à les slammer?
Depuis quand j’ai envie d’être poète? Je
crois que c’est depuis toujours. Ma mère était professeur de français, de
lettres et de philosophie, j’ai grandi avec beaucoup de livres à la maison. Et
en lisant les livres, il y a une émotion que j’ai ressenti qui m’a donné envie
un jour de mettre mes mots et mes pas dans les mots et les pas de tous les
poètes que j’ai lu et qui m’ont nourri et qui me nourrissent encore
aujourd’hui. Moi, je dis souvent que les poètes que je m’admire, qui m’ont
apporté leurs lumières quand j’étais adolescent, je les appelle «mes
professeurs d’espérance». À partir de 15-16 ans, je savais que je voulais, un
jour aussi, devenir «un professeur d’espérance». Je ne sais pas que si j’allais
y arriver mais c’était un rêve d’enfant. Et alors le slam, ça arrivait quand
j’ai découvert le mouvement slam aux États-Unis il y a 15 ans. J’écrivais déjà
la poésie et j’ai fait du rap aussi à un moment quand je vivais au Cameroun.
J’ai décidé ensuite de slammer mes textes et je fais ça depuis une quinzaine
d’années.
VOV5: Concernant vos projets pour l’avenir, ce seront
probablement un autre ouvrage sur le Vietnam?
Là, déjà, j’ai rencontré des slameurs et poètes
vietnamiens pendant mon séjour. J’ai envie de créer des liens et des ponts
culturels et artistiques. On n’arrive même, et pourquoi pas, avant de la fin de
mon séjour, à faire une soirée où on lit les poèmes en plein de langues :
vietnamien, français, etc. La poésie va effacer tous les frontières. L’envie
d’écrire ? Oui, j’ai déjà commencé à écrire. Lors de mon arrivée de
l’aéroport au centre-ville de Hanoï, il y avait des mots qui me venaient déjà.
J’ai aussi l’impression de retrouver des personnages de mon roman. C’est
quelque chose très troublante mais qui est très beau.