L'Afrique deviendrait l'un des pôles économiques du monde | Photo: Thoi Bao Ngân Hàng
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Peu prisé par les investisseurs européens et américains, le Continent Noir représente une vaste zone où habitent plus d’un milliard 300 millions de personnes, dont 45% sont des francophones. Malgré des instabilités politiques et des conditions infrastructurelles peu développées, l’Afrique francophone est un marché important pour le Vietnam, lui-aussi membre de l’Organisation internationale de la Francophonie. Celle-ci s’implique non seulement dans le développement de la langue française, mais également dans la coopération économique entre ses différents États membres, notamment pendant et après la crise, comme nous l’explique Chekou Oussouman, son directeur du bureau Asie-Pacifique.
Chekou Oussouman, directeur de l'OIF Asie-Pacifique | Photo: Ministère de l'Industrie et du Commerce
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«La pandémie a ébranlé tous les schémas qui existaient en matière de partenariats commerciaux et de prévisions économiques», constate-t-il. «Il faut réagir dès maintenant pour remédier à cette situation. La première chose à faire, c’est identifier les entreprises qui s’intéressent à se relancer, à se restructurer, à trouver de nouveaux débouchés ou des fournisseurs de matières premières. Nous essayons de présenter aux entreprises vietnamiennes et africaines les opportunités réelles qui existent pour qu’elles puissent se rencontrer.»
Parmi les trente-deux pays d’Afrique francophones, le Vietnam se concentre actuellement dans dix marchés que sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Égypte, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Maroc, le Togo, le Mozambique et le Bénin.
Lê Hoàng Oanh, directrice du département des marchés d’Asie-Afrique | Photo: Ministère de l’Industrie et du Commerce |
«Notre pays exporte essentiellement du riz, qui représente un tiers du commerce extérieur avec l’Afrique francophone. Pour 2019, le chiffre d’affaire s’est élevé à 590 millions de dollars, soit 21% de nos exportations de riz. Le Vietnam y vend aussi du textile, des chaussures, des smartphones, des ordinateurs, des motos et des pièces détachées. Pour le Vietnam, l’Afrique francophone est un grand fournisseur de matières premières comme la noix de cajou, le coton, le cuivre, le bois et les meubles. Ces produits représentent jusqu’à 90% des importations vietnamiennes dans ces pays», nous dit Lê Hoàng Oanh, directrice du département des marchés d’Asie-Afrique, du ministère de l’Industrie et du Commerce.
En général, les échanges commerciaux avec l’Afrique francophone sont plus prometteurs qu’avec les autres pays africains. En 2019, la valeur des échanges commerciaux bilatéraux s’est établie à 4,5%, soit une hausse de 9,8% par rapport à 2018.
Cao Quôc Hung, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce | Photo:Ministère de l’Industrie et du Commerce
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«Beaucoup de ces pays francophones ont mis en œuvre des réformes économiques afin d’améliorer leur environnement d’affaires et de s’intégrer à l’économie mondiale», note Cao Quôc Hung, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce. «Ils cherchent des investisseurs pour moderniser leurs infrastructures et leurs grandes villes. Le revenu moyen et le nombre de personnes ayant des revenus avancés continuent de croître. Beaucoup d’institutions internationales ont prévu que dans quelques années, l’Afrique deviendrait l’un des nouveaux pôles de développement économique. C’est la raison pour laquelle, l’Afrique et l’Afrique francophone en particulier offrent d’énormes opportunités d’investissement pour les entreprises vietnamiennes.»
L’exploration et l’exploitation pétrolières, la transformation minière, la production chimique, l’agriculture, la transformation alimentaire, la construction et la télécommunication constituent les secteurs les plus prometteurs pour les entreprises vietnamiennes et africaines francophones.
La production industrielle du café est l'un des secteurs de coopération potentielle | Photo: vneconomy.vn
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«Prenons l’exemple de la coopération industrielle dans le café. Dans certains pays africains, il y a un grand besoin de restructurer les modèles de production. Le Vietnam dispose de ce savoir-faire, depuis la semence en passant par la transformation jusqu’au produit fini. Un autre exemple, dans le domaine des matériaux de construction. Le Vietnam est expert dans ce domaine alors qu’en Afrique, il y a des besoins énormes en matière de logements, mais aussi d’infrastructures. Ce sont de vraies opportunités de coentreprise et de co-investissement dans les deux sens», précise Chekou Oussouman.
Afin de rétablir les chaînes d’approvisionnement, interrompues par la crise de Covid-19, le ministère de l’Industrie et du Commerce vietnamien et l’Organisation Internationale de la Francophonie s’emploient à aider les entreprises, vietnamiennes et africaines, à mener des études de marché et à créer un nouveau réseau de partenaires commerciaux.