Le logo officiel d'Aphrow affiché sur son Spotify. Photo: Aphrow |
VOVWorld: Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer ce morceau aussi alléchante que Pho Bo Viên?
Aphrow: Ma petite amie est vietnamienne, donc la culture vietnamienne occupe une place importante dans ma vie. J’apprends beaucoup sur le Vietnam et je suis très exposé à cette culture, car ses parents vivent ici en Belgique. Nous mangeons souvent du phở en famille, notamment tous les dimanches. J’ai voulu leur rendre hommage en créant ce morceau.
VOVWorld: Votre voyage au Vietnam en juillet dernier s’est bien passé?
Aphrow: Oui, c’était vraiment un voyage inoubliable. Nous avons vécu et appris énormément de choses, et les paysages étaient magnifiques. Le pays est absolument superbe, avec tant de choses à découvrir. Je me suis régalé tant visuellement qu’auditivement. C’était génial, vraiment génial.
Aphrow (batteur) et son groupe jazz/rock. Photo: Aphrow |
VOVWorld: Revenons à votre parcours musical. Aphrow, comment avez-vous débuté dans la musique?
Aphrow: J’ai commencé la guitare vers 14 ans, simplement par plaisir, comme tout adolescent qui veut essayer la musique. J’ai commencé par jouer des morceaux simples, comme ceux de Nirvana, et j’étais passionné par le rock de l’époque. Ensuite, avec des amis, nous avons formé un groupe, mais il nous manquait un batteur. J’ai donc acheté une batterie pour le groupe et j’ai commencé à en jouer. Je me suis vraiment investi et j’ai été rigoureux dans cet apprentissage. Pendant trois ans, nous avons créé un groupe de jazz et de rock. Nous avons joué des concerts et appris ce qu’était la musique et le travail en groupe. Malheureusement, nous avons dû nous séparer car certains membres partaient à l'université ou perdaient l’envie de jouer. Pour ma part, j’avais toujours envie de continuer. Je n’étais pas très scolaire, alors j’ai continué à apprendre en autodidacte, sur des logiciels informatiques, dans ma chambre, vers 18-19 ans. J’ai beaucoup appris chaque année en essayant de m’améliorer. Cela fait maintenant 14 ans que je fais de la musique, et aujourd’hui, je peux dire que c’est mon métier.
VOVWorld: Vous avez débuté avec le jazz et le rock. Qu'est-ce qui vous a poussés à explorer un genre musical mêlant hip-hop et ambiance relaxante?
Aphrow: Juste au moment où notre groupe s’est séparé, ce genre musical a commencé à émerger sur des plateformes comme YouTube, il y a environ 15 ans. J’ai été profondément inspiré par un artiste japonais nommé Nujabes, qui a été l’un des premiers à mélanger le jazz, le hip-hop et la musique relaxante. Il a même composé des morceaux pour un manga. Pour moi, Nujabes a vraiment réussi à fusionner ces trois styles de manière innovante. J’ai adoré ce style dès le début et j’ai trouvé qu’il était parfait pour travailler et étudier, car il favorisait la relaxation. Ainsi, je me suis lancé dans cette direction, en m’inspirant largement de la musique de l’époque et de Nujabes.
Aphrow lors de son voyage au Vietnam en juillet dernier. Photo: Aphrow |
VOVWorld: Combien de morceaux avez-vous composés dans ce genre musical?
Aphrow: Je n’ai pas commencé ma carrière professionnelle immédiatement. J’ai d’abord appris pendant environ 6 ans. Ma carrière a donc réellement débuté il y a environ 7 ans. Depuis, j’ai créé environ 200 morceaux dans ce genre.
VOVWorld: À ce jour, quel est votre morceau le plus écouté sur Spotify?
Aphrow: Le morceau le plus écouté est “Lion Dance”. C’est une composition qui utilise des instruments traditionnels japonais et chinois, ainsi que d’autres instruments asiatiques, car j’adore vraiment les sonorités asiatiques. Il y a un certain caractère et une force dans ces instruments qui ne se retrouvent pas dans les instruments européens. Par exemple, j’adore les koto et les shakuhachi. Ces deux instruments traditionnels japonais sont puissants et peuvent avoir un impact significatif sur un morceau, et j’adore ça. Dans “Lion Dance”, il y a beaucoup de ces instruments, avec des percussions, des tambours et des violons.
VOVWorld: J’ai appris que certaines de vos compositions ont été rachetées sous licence par des partenaires vietnamiens. Est-ce exact?
Aphrow: Oui, je collabore avec des partenaires vietnamiens qui possèdent également un label. Nous travaillons ensemble pour des échanges musicaux sur des plateformes comme Spotify et YouTube. Cela me permet de découvrir et de partager ma musique à l’étranger.
Photo: Aphrow |
VOVWorld: Les expériences que vous avez vécues dans notre pays vous ont-elles inspiré de nouvelles créations?
Aphrow: Évidemment. Lorsque nous avons visité Sapa, les rizières, les montagnes ou même la baie d’Halong, il y avait des bruits que l’on n’entend pas en Europe, comme les chants d’oiseaux, les croassements de grenouilles, les bruits d’animaux et les sons d’insectes. J’adore ces sons, et ils m’inspirent pour utiliser des fonds sonores similaires afin de créer des ambiances dans mes morceaux. Voyager est toujours ressourçant, mais un voyage au Vietnam est encore plus spécial.
VOVWorld: Sur quoi travaillez-vous en ce moment?
Aphrow: Actuellement, je prépare la sortie d’un album de 17 morceaux prévue pour novembre. Nous nous concentrons sur la préparation: la création de la pochette, l’ordre des morceaux, ainsi que tous les aspects commerciaux et promotionnels. Je travaille également sur un autre projet de 3 morceaux pour un label appelé Mutombo, prévu pour février 2025. En outre, j’ai toujours des petits projets en cours par-ci par-là. L’année 2025 sera particulièrement chargée avec plusieurs albums en préparation.
VOVWorld: À votre avis, que doit avoir un artiste pour se faire remarquer?
Aphrow: Je pense que la première chose, même si cela peut sembler cliché, est de ne jamais renoncer. Il est essentiel de toujours se battre et de persévérer, car chaque artiste rencontrera des moments où l’on dira “non” ou “ça ne marche pas”. Il faut avoir confiance en soi, continuer à travailler, étudier et apprendre. Lorsque l’on se sent prêt, il est important de tenter de se faire remarquer par de petites entreprises qui aident à promouvoir les artistes. Aujourd’hui, les plateformes comme YouTube et Spotify offrent des outils accessibles pour se faire connaître, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans, où il fallait sortir un CD. Maintenant, il est tout à fait possible d’atteindre des millions de vues si l’on utilise les bons outils, les bons algorithmes et si l’on collabore avec des labels. L’essentiel est de clarifier sa vision, de tracer un chemin et de rester fidèle à ce chemin. Il faut continuer à avancer pour aller le plus loin possible dans le domaine que l’on souhaite perfectionner, comme le lofi dans mon cas.